Gabon : le gouvernement en guerre contre le transfert d’argent informel à Mont Bouët
L’activité économique du Gabon est marquée par une crise des réserves de devises dans les banques commerciales, une situation qui pousse entreprises et particuliers à recourir massivement à des circuits parallèles pour financer leurs importations et déplacements. Au cœur de cette problématique se trouve le marché de Mont-Bouët, un bastion de l’informel où les taux de change dépassent largement ceux fixés par la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC).
Mont-Bouët : Poumon de l’informel sous haute surveillance. En effet, cet espace commercial incarne une économie gabonaise à deux vitesses. Selon un recensement effectué par la Direction générale des Impôts (DGI), sur les 1 400 entreprises identifiées dans cet endroit, près de 487 exercent sans aucune existence administrative ou fiscale. Ce marché, où l’activité de change manuel est florissante, tire son dynamisme de plusieurs facteurs.
On peut citer entre autres la rapidité d’exécution, les cambistes offrant des services à une vitesse qui surpasse celle des banques, souvent entravées par des procédures de conformité de plus en plus complexes et la disponibilité immédiate, alors que le marché officiel fait face à une pénurie, les changeurs de rue semblent toujours avoir des liquidités, quoique sous des taux exorbitants.
Les alertes du régulateur
Un climat d’incertitude qui n’échappe pas au Comité National Économique et Financier (CNEF), qui a récemment exprimé de vives inquiétudes concernant les effets de ce marché noir. Parmi les préoccupations évoquées figurent on note que les taux de change parallèles compromettent la compétitivité des entreprises gabonaises, rendant les exportations moins viables; les risques de blanchiment du fait de l’opacité des flux financiers à Mont-Bouët et la fuite de capitaux qui fait qu’un pourcentage significatif de la richesse nationale échappe à la supervision des instances monétaires, nuisant ainsi à l’économie gabonaise.
Vers une reprise en main de l’État ?
Face à ces dérives préoccupantes, le gouvernement entend adopter une posture plus ferme. Dans cette optique, plusieurs mesures devraient être prises, incluant un durcissement des sanctions contre les changeurs non autorisés et la formalisation des petits commerces. En outre, de nouvelles restrictions interdisent désormais aux opérateurs étrangers de participer à certaines activités de proximité, ce qui pourrait bouleverser les dynamiques du marché.
Le gouvernement, en s’attaquant à cette économie souterraine, espère non seulement restaurer l’ordre sur le marché des changes, mais aussi renforcer la confiance dans le système bancaire national.








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