Gabon : le cri d’alarme du Dr Iloko sur «une nation en dérive»
Plus de deux ans après l’espoir suscité par la transition ouverte le 4 septembre 2023, l’heure n’est plus aux promesses. Pour le Dr Iloko, médecin et analyste politique, le constat est brutal : « nous héritons du pire… et probablement pour sept ans encore ». Une sentence qui résonne comme un avertissement sur l’état réel du pays.
Un quotidien devenu un parcours d’obstacles. Selon lui, la vie des Gabonais s’est dangereusement dégradée. Les besoins les plus élémentaires – se nourrir, se soigner, se déplacer, se loger – deviennent des défis quotidiens. Les salaires stagnent, la cherté de la vie explose, les dettes étouffent les ménages, tandis que de nombreuses pharmacies refusent désormais les assurés de la CNAMGS faute de remboursement.
À cela s’ajoutent les coupures récurrentes d’eau et d’électricité, qui paralysent les foyers comme les entreprises. Une situation que le Dr Iloko assimile à une défaillance structurelle de l’État, incapable d’assurer les services essentiels.
Des promesses économiques en ruines
Le médecin rappelle que plusieurs projets phares annoncés en 2025 – la ligne Bilinga–Mayumba, le port en eaux profondes de Mayumba, la centrale hydroélectrique de Boué – n’ont jamais dépassé le stade des discours. À l’inverse, les mêmes annonces reviennent, tandis que les infrastructures hospitalières restent délabrées.
Le tableau sanitaire est particulièrement inquiétant. Près de 18 000 personnes meurent chaque année, soit environ 12 % de la population, selon ses estimations. Et pendant que les hôpitaux manquent d’équipements vitaux, l’État dépense 12 milliards de francs CFA par an pour soigner des Gabonais à l’étranger. Dans certains centres, les anesthésistes travaillent encore « comme il y a trente ans », faute de respirateurs fonctionnels.
Young Team : le procès d’une décennie de prédation
Sur le plan politico-économique, le Dr Iloko estime que le procès de la « Young Team » n’a fait que confirmer l’ampleur du pillage orchestré au sommet de l’État. Des détournements colossaux ont plongé le pays dans une crise systémique, tandis que la justice peine à donner des réponses à la hauteur des crimes économiques commis.
Un paysage institutionnel verrouillé. Au niveau politique, les élections couplées de septembre 2025 ont accouché d’un Parlement totalement monochrome : 145 députés issus d’un seul camp, un Sénat qui suivra le même chemin et, selon lui, un pouvoir qui « verrouille méthodiquement les institutions ».
Aucun chèque en blanc pour le pouvoir
Le message du Dr Iloko est direct : le pays n’accordera plus de confiance aveugle. Pas à un système qui ne tient pas ses engagements. Pas à un pouvoir qui marginalise l’opposition. Pas à un exécutif qui installe, dit-il, une « tension permanente ». Il conclut par un rappel fondamental. « La République n’appartient pas à un homme. Elle appartient au peuple gabonais », a-t-il déclaré.
Une mise en garde qui sonne comme un appel à la vigilance collective : le Gabon est à la croisée des chemins, et les mois à venir diront si les autorités sont prêtes à répondre aux attentes profondes d’un peuple fatigué des illusions.








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