Gabon : l’Archidiocèse de Libreville exige le préfinancement des frais de scolarité dans les écoles catholiques

Dans une note officielle, l’Archidiocèse de Libreville, dirigé par Monseigneur Jean Patrick Iba-Ba, a réaffirmé l’obligation pour les parents d’élèves inscrits dans les établissements catholiques de payer intégralement les frais de scolarité pour la rentrée 2025-2026. Cette mesure s’applique sans exception, y compris aux enfants dits « ayants droit », c’est-à-dire bénéficiaires de l’allocation de l’État pour leur scolarité.
« Le règlement des frais de scolarité est exigé pour tous les élèves inscrits dans les établissements catholiques, sans exception », précise le document consulté par Gabonclic.infos. Et l’Archevêque d’ajouter : « Les parents dont les enfants bénéficient de cette allocation sont tenus de préfinancer la scolarité de ces derniers avant d’accéder en classe ».
Retards de l’État et équilibre financier menacé
Derrière cette fermeté, une réalité persistante : les retards chroniques de l’État dans le règlement de sa dette vis-à-vis des établissements catholiques. Si ceux-ci accueillent des enseignants affectés par le ministère de l’Éducation nationale, ils financent en grande partie leur fonctionnement par leurs propres ressources. « Sans ce système de préfinancement, les charges liées aux vacataires ou aux frais courants deviendraient intenables », explique une source proche de la gestion d’un lycée catholique.
Ce mécanisme, instauré depuis plusieurs années, permet aux écoles de maintenir leurs activités en attendant le remboursement des créances. Mais les délais pèsent lourdement sur les familles. L’année dernière, une partie des frais avancés par les parents n’a toujours pas été remboursée, malgré l’annonce de la ministre de l’Éducation nationale affirmant que l’État avait réglé 75 % de sa dette.
Un poids supplémentaire pour les familles
Pour de nombreux parents, déjà éprouvés par la hausse du coût de la vie, cette obligation de préfinancer des scolarités de plus en plus onéreuses représente un fardeau insoutenable. Les frais pratiqués dans les établissements catholiques, réputés pour leur discipline et la qualité de leur encadrement, connaissent une inflation régulière. Dans certaines écoles secondaires, les montants dépassent largement ceux pratiqués dans le public, accentuant les inégalités sociales.
Cette situation pose une question plus large : celle de la capacité de l’État à offrir une éducation publique de qualité et en nombre suffisant pour absorber la demande. « L’État doit assumer ses responsabilités et investir davantage dans les établissements publics pour soulager les familles », s’indigne un parent interrogé par Gabonclic.infos.
Une équation politique et sociale
En imposant à nouveau ce système de préfinancement, l’Archidiocèse met en lumière le paradoxe d’une politique éducative qui délègue une partie de sa mission régalienne aux écoles confessionnelles, tout en peinant à honorer ses engagements financiers. Cette dépendance fragilise les familles et nourrit un sentiment d’injustice, surtout lorsque les remboursements tardent.
Au-delà de la question des frais de scolarité, le rappel de l’Archevêché relance le débat sur l’avenir de l’éducation au Gabon : peut-on durablement fonder la scolarisation de milliers d’élèves sur un mécanisme qui met les parents sous pression financière, tout en fragilisant la confiance entre l’État et les institutions partenaires ?
GMT TV