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Gabon : l’agriculture de rente recule de 15,5% au premier trimestre 2025

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Au premier trimestre 2025, l’indice global de l’agriculture de rente a reculé de 5% par rapport au trimestre précédent, confirmant une tendance baissière pour le troisième trimestre consécutif. En glissement annuel, la chute est encore plus marquée, atteignant -15,5%, soit une perte de près de 7000 tonnes de production. Un recul qui pèse lourdement sur les exportations agricoles, déjà limitées à 4% du PIB.

Le caoutchouc en crise structurelle. Le principal responsable de cette contre-performance est le caoutchouc naturel, dont la production a chuté de 18,5% en un trimestre. La production nationale est tombée à environ 8 800 tonnes, contre plus de 10 800 tonnes en fin 2024. Les difficultés rencontrées par la société ABG, confrontée à des plantations vieillissantes et à un déficit d’entretien, expliquent en grande partie cette baisse.

Le groupe ORG, mieux positionné sur le marché, n’a pas suffi à compenser cette contre-performance. En valeur financière, le recul du caoutchouc représente un manque à gagner estimé à 6 milliards de FCFA pour le pays au premier trimestre, sur la base d’un prix moyen de 1 500 dollars la tonne. Une perte considérable pour une filière qui représentait encore en 2024 près de 65% des exportations agricoles de rente.

Palmier à huile : un léger répit

À l’inverse, la filière palmier à huile a enregistré une embellie. La récolte des régimes de palme a progressé de 3,2%, atteignant près de 46 000 tonnes au premier trimestre 2025. Cette reprise est attribuée à une pluviométrie plus favorable dans la Ngounié et à la diminution des intrusions de pachydermes dans les plantations de Mouila et Awala.

Toutefois, cette hausse reste fragile. La transformation industrielle en huile rouge a chuté de 19,9%, freinée par la concurrence accrue des huiles importées, ce qui limite l’impact positif de la progression de la production brute.

Une filière sous-investie et vulnérable

Dans son document de cadrage, le ministère de l’Économie souligne que l’agriculture de rente souffre d’une faible productivité et d’un déficit d’investissements privés. De son côté, la Banque mondiale note que la dépendance du Gabon aux importations alimentaires accroît la vulnérabilité de l’économie nationale.

Le premier trimestre 2025 confirme ainsi une tendance inquiétante : la filière caoutchouc, longtemps présentée comme un relais de croissance, traverse une crise structurelle profonde, tandis que le palmier à huile peine à s’imposer dans un environnement marqué par la pression des importations et l’absence d’un cadre concurrentiel maîtrisé.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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