Gabon : l’affaire Gervais Oniane relance le débat sur la moralité des collaborateurs du chef de l’État
Dans son édition du 10 novembre 2025 (N°606), l’hebdomadaire La Loupe fustige la « sortie de route » du Haut-Représentant personnel du président de la République et appelle Brice Clotaire Oligui Nguema à revoir son entourage immédiat. Alors que l’actualité nationale est dominée par les violences en milieu scolaire, une autre polémique s’est invitée au sommet de l’État. Dans un article au vitriol paru dans son édition du lundi 10 novembre 2025, l’hebdomadaire La Loupe titre sans détour : « Sortie de route du Haut-Représentant Gervais Oniane : le président de la République devrait revoir son cabinet ».
Le journal, connu pour son ton sans concession, y dénonce un climat délétère au sein même du cabinet présidentiel, miné selon lui par « la mauvaise éducation, l’irrévérence et l’impolitesse de certains collaborateurs à la moralité équivoque ». Une accusation grave qui fait suite à une altercation publique entre Gervais Oniane, Haut-Représentant personnel du président, et Camélia Ntoutoume Leclercq, ministre d’État en charge de l’Éducation nationale.
Une sortie verbale qui choque l’opinion
Selon La Loupe, l’incident se serait produit le 30 octobre 2025 à Ntoum, où Gervais Oniane aurait publiquement tenu des propos jugés « ignominieux et discourtois » à l’encontre de la ministre d’État, l’accusant notamment d’« insolence » et se prévalant d’un rang supérieur à celui de ministre.
Le journal cite notamment ses propos : « Cette petite fille-là a le culot de me dire, moi, Haut-Représentant personnel du chef de l’État… Même si elle est ministre d’État, c’est bien, mais un Haut-Représentant, c’est plus qu’un ministre. » Des déclarations jugées « basses et empreintes d’aigreur » par La Loupe, qui souligne « les limites de la valeur intrinsèque de l’individu ». Pour le journal, cet éclat verbal illustre une dérive préoccupante au sein du premier cercle présidentiel, où certains collaborateurs confondent proximité avec le pouvoir et légitimité institutionnelle.
Une dérive de plus dans un climat d’irrévérence au sommet
Ce n’est pas la première fois que des voix s’élèvent pour dénoncer des comportements inappropriés au sein du cercle rapproché du président Brice Clotaire Oligui Nguema. L’hebdomadaire rappelle qu’en septembre dernier déjà, le Vice-président de la République, Séraphin Moundounga, avait provoqué la controverse en accusant l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima de tribalisme. Ce dernier lui avait alors répliqué en l’affublant du surnom de « complexe d’Erostrate », du nom de ce personnage grec mythique qui incendia un temple pour se faire connaître.
En s’en prenant à Camélia Ntoutoume Leclercq, une figure respectée de l’administration publique, Gervais Oniane aurait franchi une ligne rouge symbolique. La Loupe parle d’« une éducation inachevée » et dénonce « une arrogance sans substance » chez un homme dont « le seul fait d’arme connu demeure sa proximité avec le pouvoir ».
L’appel à un ménage dans le cabinet présidentiel
L’hebdomadaire va plus loin, exhortant le chef de l’État à procéder à un assainissement moral et politique de son cabinet à l’approche de la fin de la transition. « Le cabinet du chef de l’État, qui devrait être un modèle de civilité, est aujourd’hui pris dans l’engrenage de la mauvaise éducation et de l’irrévérence », écrit le journaliste Raymond Mbeng, auteur de l’article. Et de conclure : « À l’aube de la Ve République, le président Oligui Nguema doit désormais s’entourer de collaborateurs à la vertu et à la probité éprouvées. Son cabinet devrait refléter la diplomatie, la bienveillance et le sens élevé du devoir au service de la nation. »
Un avertissement à portée symbolique
Cet appel à la rigueur morale dans les cercles du pouvoir n’est pas anodin. Il intervient dans un contexte où le président Oligui Nguema tente d’incarner la rupture avec les pratiques de l’ancien régime, tout en préparant l’entrée du pays dans la Ve République. Mais cette affaire, largement commentée sur les réseaux sociaux, pourrait fragiliser l’image d’un exécutif censé symboliser la discipline, l’humilité et la restauration des institutions.
En filigrane, l’article de La Loupe traduit un malaise profond : celui d’une opinion publique qui attend de la transition non seulement des réformes politiques, mais aussi une moralisation effective du pouvoir. Et dans ce contexte, les mots de Raymond Mbeng résonnent comme un avertissement : « Le succès est la valeur personnelle multipliée par les circonstances. Camélia a démontré sa valeur. Mais nulle part la trace de Gervais Oniane n’est visible. »








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