Gabon : la subvention aux carburants, un danger pour la santé budgétaire
Ce mardi 20 juin 2023, la Banque mondiale a rendu publique la Note de conjoncture économique du Gabon. Orienté sur le thème spécial Réformes des subventions aux carburants, ce document revient largement sur l’impact de cette mesure sur le plan budgétaire, mais aussi sur le constat implacable de son échec, car profitant essentiellement aux couches les plus aisées de la population.
En effet, c’est dans le cadre de la lutte contre l’inflation que le gouvernement avait décidé de l’allocation d’une subvention aux carburants. Estimé à 100,6 milliards de francs CFA en 2022, soit 0,7 % du Produit intérieur brut (PIB). Un montant qui, selon l’institution financière internationale, représente les deux tiers des dépenses publiques totales allouées à la santé, et plus de la moitié des dépenses publiques allouées à l’éducation au cours de la même année.
Si au mois de juin 2022, le gouvernement avait décidé de supprimer les subventions aux carburants pour les industriels dans le but de réduire la charge budgétaire, ceux-ci « continuent de représenter un risque budgétaire significatif et, ce faisant, continuent de représenter un obstacle à la constitution des réserves budgétaires nécessaires pour soutenir la mise en œuvre d’une politique budgétaire contracyclique et faire face aux défis de développement du pays ».
Pis, ces subventions constituent un frein, d’une part, à l’utilisation efficace de l’énergie et, d’autre part, au développement de sources d’énergie renouvelables ou encore l’adoption de solutions de développement à faibles émissions, enfermant ainsi le pays sur une voie de développement à émissions plus élevées.
Autre fait majeur, la Banque mondiale estime que ces subventions aux carburants n’ont pas profité à l’ensemble de la population, mais plutôt aux couches les plus aisées. Si les subventions aux carburants visent en principe à soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs, et plus particulièrement celui des plus vulnérables, elles ne se limitent pas pour autant au soutien du prix du pétrole lampant, un carburant majoritairement consommé par les plus pauvres. Des subventions sont également accordées pour soutenir les prix du gasoil et de l’essence, qui sont deux produits profitant largement aux segments les plus riches de la population.
Les taxis et autres clandos suburbains…c’est aussi les segments les plus riches de la population?