Gabon : la dette publique franchit les 7 179 milliards de FCFA au 1er trimestre 2025

Selon les données actualisées de la Direction générale de la dette (DGD), l’encours de la dette publique du Gabon a atteint 7 179,056 milliards de FCFA à fin mars 2025. Cette hausse de +0,643 % en trois mois s’explique principalement par un recours accru au marché financier international et régional, dans un contexte de relance post-transition.
Alors que le pays entame une nouvelle phase de sa reconstruction économique, la tendance de l’endettement public poursuit sa trajectoire haussière. En effet, d’après le dernier rapport de la DGD, la dette extérieure du Gabon s’élève désormais à 4 180,741 milliards de FCFA, tandis que la dette intérieure atteint 2 998,315 milliards de FCFA.
Une pression accrue sur le marché international
Dans le détail, la dette extérieure, en légère hausse de +0,296 % par rapport à fin décembre 2024, est essentiellement tirée par les emprunts sur le marché financier international, qui représentent à eux seuls 1 494,065 milliards de FCFA. Cette dynamique reflète un recours croissant aux eurobonds et autres instruments à haut rendement, alors que les dettes multilatérales (1 684,090 milliards FCFA), bilatérales (800,670 milliards FCFA) et commerciales (201,916 milliards FCFA) enregistrent une baisse des arriérés.
Ce recentrage sur les marchés internationaux pourrait traduire une stratégie d’optimisation des conditions de financement à court terme. Cependant, il pose la question de la soutenabilité, compte tenu des taux d’intérêt plus élevés et du risque de change inhérent à ce type de dette.
Une dette intérieure portée par la syndication régionale
Côté dette intérieure, l’augmentation de +1,131 % (soit +12,599 milliards FCFA) est attribuée aux opérations de syndication et de rachat effectuées sur le marché financier régional en février. L’essentiel de cette composante reste concentré sur le marché régional des titres publics, qui représente 2 233,559 milliards FCFA. Les dettes bancaires s’élèvent à 711,819 milliards FCFA, tandis que les moratoires sont contenus à 52,937 milliards FCFA.
Cette orientation, bien que bénéfique en matière de mobilisation locale de ressources, soulève néanmoins des questions sur la liquidité bancaire domestique et la capacité des institutions financières locales à continuer de porter durablement la dette souveraine.
Quelle marge de manœuvre budgétaire pour 2025 ?
La hausse globale de la dette, de 45,890 milliards FCFA en un trimestre, traduit une accélération des engagements nets du Trésor public. Alors que le gouvernement de Transition entend maintenir ses ambitions d’investissement dans les infrastructures et les services sociaux, la question du cadrage macroéconomique devient centrale.
Avec un ratio dette/PIB qui frôle désormais les seuils de vigilance fixés par les critères de convergence de la CEMAC, le pays devra arbitrer finement entre croissance, assainissement budgétaire et préservation de la soutenabilité de sa dette.
Dans un contexte où la confiance des bailleurs repose sur la transparence, la discipline budgétaire et les réformes structurelles, ce premier trimestre 2025 marque donc un signal à la fois d’opportunité et de prudence pour les autorités. Reste à savoir si cette trajectoire d’endettement s’accompagnera d’un véritable redressement productif.
GMT TV