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Gabon : la Cour des comptes pointe 18 milliards de crédits ouverts en 2024 non justifiés 

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Le rapport de la Cour des comptes sur l’exécution des lois de finances en vue du règlement du budget de l’exercice 2024 met en lumière d’importantes irrégularités dans la gestion des crédits publics. Selon le document, 61,77 milliards de francs CFA de crédits supplémentaires ont été ouverts en cours d’exercice 2024. Pourtant, le Projet de loi de règlement (PLR) transmis au Parlement ne prend en compte que 43,04 milliards de francs CFA, laissant ainsi un écart de 18,73 milliards non justifiés. La Cour souligne que cette omission concerne principalement les titres 4 et 6 des Comptes spéciaux, des comptes qui devraient être intégralement reflétés dans la régularisation budgétaire. Ce décalage traduit une forme d’insincérité comptable, compromettant la fiabilité des chiffres officiels et la transparence des finances publiques.

Ces 18,73 milliards de francs CFA représentent une part significative des ouvertures de crédits supplémentaires pour l’exercice. Leur absence dans le PLR interroge sur la rigueur des procédures de consolidation et sur la manière dont l’exécutif présente l’état réel des finances publiques au Parlement. Ce type de pratique, même involontaire, peut masquer l’ampleur réelle des dépenses et fausser l’évaluation de l’exécution budgétaire, et par conséquent, compromettre la confiance des acteurs institutionnels et des populations. Les magistrats rappellent que les Comptes spéciaux doivent refléter toutes les opérations financières, y compris les ajustements en cours d’exercice, pour garantir une lecture fidèle de la situation financière de l’État.

18 milliards manquant à l’appel

Le rapport de la Cour pointe également la nécessité d’expliquer ces écarts. L’institution invite la Direction générale du budget et des finances publiques (DGBFIP) à justifier l’absence de prise en compte de ces crédits dans le Projet de loi de règlement. Elle souligne que la régularisation devrait être complète et conforme aux dispositions légales, afin d’éviter toute perception d’opacité ou de manipulation comptable. Ces omissions répétées affaiblissent la crédibilité des documents financiers et compromettent la bonne gouvernance budgétaire.

Ce signal d’alerte de la Cour des comptes illustre la vulnérabilité du système de suivi des crédits supplémentaires et souligne l’urgence d’une meilleure transparence dans la consolidation des comptes publics. La régularisation des 18,73 milliards manquants n’est pas seulement une question technique, elle constitue un enjeu de fiabilité, de contrôle parlementaire et de confiance publique. La cinquième République présentée comme l’avènement d’une ère de transparence,devrait permettre de clarifier ces écarts et renforcer les mécanismes de traçabilité, afin d’éviter que de telles irrégularités ne se reproduisent dans les exercices futurs.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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