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Gabon : la Cour des comptes murée dans le silence à l’heure de la transition         

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Le 15 juillet 2024 en France, le journal Le Monde, évoquait le rapport de la Cour des comptes qui estimait que les finances publiques françaises sont dans « une situation inquiétante ». L’instance jugeait sévèrement les prévisions à moyen terme du gouvernement Attal, dénonçant au passage des « objectifs peu réalistes » reposant sur des hypothèses de croissance « trop optimistes ». A l’inverse du Gabon dont la Cour ne semble ne servir que de faire valoir, les magistrats financiers tiraient donc la sonnette d’alarme, contrairement aux nôtres murés dans un silence complice face aux dérives budgétaires.

Au Gabon, la Cour des comptes est investie des missions de contrôle des finances publiques et peut en cas de nécessité, sanctionner les fautes de gestion relevées lors de ces contrôles. Elle joue ou plutôt doit jouer, un rôle crucial dans la gestion des finances publiques au Gabon. Aux abonnés absents depuis trop longtemps, muselé sous Ali Bongo Ondimba, cette instance a vu arriver à sa tête Alain Christian Iyangui, comme 1er président il y a presque un an jour pour jour dans le but de « restaurer sa crédibilité et son efficacité par la culture et la promotion des valeurs qui fondent son action ». Mais rien n’y fait.

Alors que les partenaires techniques et financiers, les agences de notation et autres analystes remettent en cause depuis de longs mois, la stratégie du gouvernement axée sur une politique budgétaire fortement expansionniste et encline à des dérapages sous forme de dépenses extrabudgétaires, Alain Christian Iyangui et ses équipes semblent faire la sourde oreille. Le DGBFiP débarqué sur fond de malversations et de dérives liées aux processus de marchés publics, aucun rapport sur sa gestion. Le président de la transition distribue 63 milliards de FCFA dans les neuf provinces sans aucune traçabilité, toujours pas de réactions. 

48 milliards de FCFA de dépenses additionnelles pour l’administration publique 

Responsable de l’audit des comptes de l’État, des collectivités locales et des établissements publics. Censé vérifier la régularité, la sincérité et la fiabilité des comptes financiers, ainsi que le respect des règles et des procédures de gestion. La Cour des Comptes et ses 398 agents publics qui coûtent chaque année 2,6 milliards de FCFA au contribuable, semble se contenter d’exister alors qu’elle devrait pouvoir comme en France, dénoncer les objectifs du gouvernement lorsqu’il évoque par exemple des dépenses additionnelles pour l’administration publique de l’ordre de 48 milliards de FCFA dans la loi de finances rectificative ou encore les 27 milliards de FCFA pour le référendum. 


En publiant ses rapports et en rendant des comptes au public et aux autorités compétentes, la Cour des comptes contribue à la transparence et à la responsabilité dans la gestion des finances publiques. Elle doit s’assurer que les fonds publics sont utilisés de manière efficace et conformément aux objectifs fixés. Elle doit pouvoir évaluer l’efficacité et l’efficience des politiques publiques et des programmes financés par l’État. C’est ce qu’on attend d’elle et c’est aussi celà la restauration des institutions.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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