Gabon: la CNLCEI en passe d’organiser le chaos aux élections
Dans une envie de s’arrimer à la donne internationale, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) a fait de la déclaration de biens un élément constitutif du dossier de candidature. Seul bémol, l’absence de représentation provinciale devient d’emblée à l’origine d’un chaos lors des échéances électorales du fait de la mobilité des candidats.
Et si en tentant de moderniser le scrutin électoral, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite instaurait une véritable décadence avec un deux poids deux mesures lors des élections au Gabon? C’est la question qui taraude les esprits des observateurs et acteurs de la vie politique à l’heure où les instances locales en charge de la question implémentent l’article 8 nouveau de la loi n° 041/2020 du 22 mars 2021.
Laquelle dispose que « Nonobstant toutes les autres pièces demandées, tout candidat à une élection politique doit verser au dossier de sa candidature le récépissé de déclaration des biens en cours de validité. Le récépissé de la déclaration des biens en cours de validité constitue également une pièce constitutive du dossier de codification de l’indemnité de fonction de l’agent public ».
Si l’intention reste noble, il semble que tous les angles inhérents à la mise en œuvre de cette mesure n’ont pas été passés au peigne fin. Pour preuve, la déclaration des biens ne devrait être opérationnelle qu’à Libreville. Ainsi donc, seuls les candidats de la capitale politique du Gabon pourraient s’y soumettre. Et ce, du fait que la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite n’a aucune représentation à l’intérieur du pays.
Au risque d’être à l’origine d’un chaos total, ladite instance gagnerait à rationaliser l’application de cette mesure. Bien que n’étant pas à l’ordre du jour, la limitation de l’obligation de déclarer des biens à l’élection présidentielle, prend de plus en plus forme dans l’opinion. Les candidats ne devraient pas rencontrer une once de difficultés, car Libreville demeure le milieu par excellence de ces joutes électorales. A défaut, la CNLCEI devra préalablement être à l’hinterland. Ce qui semble tout de même utopique.