Gabon : la cherté du mariage favorise-t-elle l’union libre et la liaison irrégulière ?

Au Gabon, le mariage légal, bien qu’inscrit dans le cadre juridique du Code civil, s’accompagne de contraintes financières et sociales qui freineraient plusieurs prétendants de franchir le pas. Cette situation pousserait de nombreux couples à opter pour l’union libre ou la liaison irrégulière, des pratiques aujourd’hui largement répandues dans la société gabonaise.
La cherté du mariage, combinée à l’exigence d’un mariage coutumier non reconnu par la loi, semble être un facteur déterminant dans la réticence de régulariser les relations amoureuses au Gabon. Préférant se cloîtrer dans l’union libre, définie par l’article 377 du Code civil comme une cohabitation sans mariage formel. Puisque ne générant, en principe, aucun effet juridique, ni obligations réciproques, ni droits à la succession.
Le mariage légal réservé aux plus nantis !
Cependant, une union libre durable, c’est-à-dire au moins deux ans, ou officialisée par une rencontre familiale peut bénéficier d’une reconnaissance partielle. Quant à la liaison irrégulière, elle se limite à des relations sexuelles sans cohabitation, sans aucun effet juridique, conformément aux articles 389 et 390 du Code civil. Ces formes d’union, bien que dépourvues de protection légale, séduisent par leur accessibilité. Le mariage légal, en revanche, représenterait un investissement coûteux.
Car, outre les frais administratifs et les locations de salle, voire autres artifices, il s’accompagne souvent d’un mariage coutumier, exigé par les familles, mais non reconnu par l’État. Ce dernier implique des dots élevées, des cérémonies fastueuses et des cadeaux onéreux. Lesquelles peuvent atteindre des sommes exorbitantes pour de nombreux Gabonais. Ces dépenses, combinées à un contexte économique difficile, rendent le mariage légal inabordable pour beaucoup de compatriotes.
Vivre l’amour selon ses moyens ?
Face aux complications inhérentes à l’accès au mariage civil, l’union libre et la liaison irrégulière deviennent des alternatives pragmatiques. Elles permettent aux couples d’éviter les frais du mariage tout en répondant à des besoins affectifs ou sociaux, sans les contraintes financières et administratives. Cependant, ces pratiques exposent les partenaires, notamment les femmes, à une précarité juridique.
C’est notamment le cas lors de la rupture ou de litige, comme le souligne l’article 382 du Code civil. Face à cette réalité, une réforme du cadre légal et une sensibilisation sur les implications des unions non formalisées pourraient encourager le mariage légal. En attendant, la cherté du mariage continue de façonner les dynamiques amoureuses au Gabon. Gageons que la Vème République s’appropriera la résolution des problèmes de ce type.
GMT TV