Gabon : Julien Nkoghe Bekale plaide pour une véritable libération des consciences

Dans une tribune publiée ce 8 octobre 2025, l’ancien Premier ministre Julien Nkoghe Bekale signe un texte fort et lucide, appelant à une “libération des consciences” au Gabon. Tout en saluant le sursaut du 30 août 2023, il met en garde contre la tentation d’un nouveau conformisme politique qui, selon lui, risque d’étouffer l’élan démocratique né de la transition.
Dans ce texte au ton mesuré mais incisif, Julien Nkoghe Bekale, Premier ministre entre 2019 et 2020, dénonce le risque d’un enfermement intellectuel et moral dans le Gabon post-transition. « Le sursaut du 30 août 2023 a marqué un tournant historique : celui d’une libération tant attendue, non seulement politique, mais aussi intellectuelle et morale », écrit-il, avant d’ajouter : « Pourtant, à peine libérés, nous assistons déjà à une nouvelle tentation de réduire certaines voix au silence », a-t-il précisé.
L’ancien chef du gouvernement, qui fut également député et ministre sous le régime d’Ali Bongo Ondimba, estime que la rupture politique engagée ne saurait s’accomplir sans une ouverture sincère du débat public. « La démocratie ne s’érige pas dans le rejet ni dans le silence imposé. Elle se nourrit du dialogue, de la contradiction et du respect des différences », rappelle-t-il, invitant les Gabonais à « refuser l’ostracisme intellectuel et politique ».
Un appel à la réhabilitation de l’honnêteté politique
Julien Nkoghe Bekale dit s’inquiéter d’une dérive qui consisterait à “criminaliser le passé” ou à marginaliser ceux qui ont servi dans les anciens régimes. Pour lui, l’heure est à la réconciliation des idées et non à la mise à l’écart des individus. « Chaque fois qu’un citoyen ayant exercé une responsabilité avant cette date ose s’exprimer, on lui renvoie son passé comme un stigmate indélébile. On lui refuse le droit de s’amender, de réfléchir et de contribuer au changement », déplore-t-il.
Appelant à “libérer les intelligences longtemps bridées”, l’ancien Premier ministre exhorte à transformer la rupture du 30 août en véritable renaissance nationale. « Ce n’est qu’à ce prix que la libération du 30 août cessera d’être un simple événement pour devenir, enfin, une véritable renaissance nationale », conclut-il, dans une formule à la fois solennelle et rassembleuse.
Une parole politique qui interroge le présent
Cette tribune, qui sonne comme une mise en garde contre les dérives du sectarisme, marque le retour public d’un homme politique souvent discret depuis la transition. Dans un contexte où le pays prépare le second tour des législatives, sa voix invite à une réflexion plus large sur la liberté d’expression et la place de la contradiction dans le nouveau paysage gabonais.En s’exprimant ainsi, Julien Nkoghe Bekale rompt avec la culture du silence qui a longtemps caractérisé l’élite gabonaise. Une prise de parole rare, mais symbolique, qui questionne le véritable sens du mot “libération” dans la Gabon nouveau.
GMT TV