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Gabon : infrastructures et routes, seul domaine où les jeunes approuvent massivement l’action publique

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Selon les derniers résultats de la Dépêche n°1079 d’Afrobarometer, 63 % des jeunes Gabonais estiment que les infrastructures routières se sont améliorées ces douze derniers mois. Une approbation rare dans un paysage global où l’énergie, l’eau et l’emploi restent les principales sources d’insatisfaction. Analyse d’un succès isolé – et des risques qui l’entourent.

Parmi les 18–35 ans interrogés par Afrobarometer, une majorité écrasante affirme que les routes du pays « vont mieux ». Dans certaines provinces, ce taux grimpe même au-dessus de 70 %. Cet enthousiasme contraste fortement avec les critiques adressées à d’autres services publics, notamment l’électricité, jugée satisfaisante par seulement 26 % des jeunes.

Dans un contexte où la jeunesse exprime souvent scepticisme et lassitude, cette approbation constitue un signal politique fort : les infrastructures routières apparaissent comme le seul chantier visiblement transformé depuis le 30 août 2023, date du renversement du régime Bongo.

Une amélioration visible et mesurable

Les jeunes interrogés citent plusieurs motifs concrets : réhabilitation des axes secondaires, fin de certaines zones d’enclavement, fluidification de la circulation à Libreville, accélération de travaux longtemps gelés sous l’ancien régime. Ces évolutions, notées dans l’enquête, sont directement perçues dans la vie quotidienne. Pour une génération habituée à voir des projets s’enliser dans les promesses sans lendemain, le changement est palpable : le goudron est devenu un marqueur politique visible.

Mais ce succès isolé soulève une question essentielle : les routes peuvent-elles être un succès durable si l’État ne maîtrise pas l’eau et l’électricité ? Le rapport Afrobarometer est sans appel. Si 63 % des jeunes saluent les infrastructures, plus de 70 % expriment une insatisfaction majeure dans l’énergie, un secteur gravement marqué par les coupures et les défaillances techniques, notamment à Libreville. Quant à l’eau potable, l’approbation reste largement minoritaire, minée par les pénuries, les réseaux défectueux et les ruptures régulières.

Une politique publique fragmentée

Pour plusieurs analystes consultés par Afrobarometer, la priorité accordée aux routes témoigne d’un choix stratégique : livrer des résultats rapides et visibles pour consolider la légitimité de la Transition. Un calcul politique classique, mais qui expose l’exécutif à une critique : celle d’un développement à deux vitesses, où la vitrine progresse plus vite que les fondamentaux. Car sans énergie stable, ni eau régulière, la dynamique économique reste fragile. Les jeunes l’ont bien compris : le chômage demeure la première préoccupation, loin devant l’état des routes.

Le rapport d’Afrobarometer place la cinquième République face à une évidence : les infrastructures routières constituent un rare consensus, un capital politique précieux. Mais ce capital peut s’éroder rapidement si les secteurs vitaux – énergie, eau, emploi – ne suivent pas.

Pour transformer cette réussite ponctuelle en politique publique durable, le gouvernement devra notamment investir massivement dans la production et la distribution d’électricité, moderniser les réseaux d’eau, assurer une planification cohérente entre routes, énergie et développement local. Sans cette cohérence, l’approbation actuelle pourrait n’être qu’une parenthèse.

Geneviève Dewuno Edou

Diplômée en journalisme,je suis chargée des rubriques Santé en plus d’être l’une des voix derrière de nombreux reportages de GMTtv. L'écriture, la pose de voix, la présentation du Journal télévisé sont les principales tâches que j’exécute et pour lesquelles je mets mes capacités au quotidien au profit de la rédaction de Gabon Media Time.

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