Gabon: incapable de construire des salles de spectacle, le gouvernement dédie aux artistes des amphithéâtres
Laissés pour compte par l’État qui ne semble pas faire de l’art un vecteur de développement, les acteurs culturels sont livrés à eux-mêmes depuis le début de la pandémie de covid-19. Une situation qui contraint bon nombre d’entre eux à se tourner vers les « maquis », devenus le seul moyen pour plusieurs de ces artistes d’offrir des prestations. Interpellé par les artistes sur l’absence d’espaces publics couverts pour organiser leurs spectacles à Libreville, le gouvernement a annoncé la mise à disposition occasionnelle d’amphithéâtres pour l’organisation de shows.
Les acteurs culturels tirent le diable par la queue depuis bientôt deux ans après l’avènement du covid-19 au Gabon. Désireux de subsister durant cette période de vaches maigres, une rencontre a été initiée avec le ministre de la Culture et des arts, le Pr. Patrick Mouguiama Daouda et son ministre délégué, Max Samuel Oboumadjogo. Occasion pour ces derniers d’étaler les différentes situations auxquelles ils font face et ce depuis des années.
Au cours de la rencontre, le manque criant de salles pour l’organisation de spectacles a été évoqué. Concernant cette problématique, le Pr. Patrick Mouguiama Daouda et Max Samuel Oboumadjogo ont proposé comme solution immédiate, la mise à disposition des auditoriums publics. Il s’agit notamment de celui du ministère de l’Économie et de la relance, celui du ministère des Eaux et forêts et l’amphithéâtre de l’École normale supérieure (ENS).
Si la solution semble soulager acteurs culturels et membres du gouvernement, elle suscite cependant de nombreuses interrogations. Cette décision a-t-elle été prise de concert avec les dirigeants des administrations susmentionnées? Au vu de la lenteur des autorités administratives en matière de construction d’édifices, cette solution bien que temporaire ne va-t-elle pas créer de nouveaux problèmes? Les salles de l’ENS étant dédiées aux étudiants, ces derniers seront contraints de revoir leur emploi du temps. Le ministre de la Culture et des Arts essaie-t-il de mettre des bâtons dans les roues de Camélia Ntoutoume Leclercq en transformant des établissements sous sa tutelle en salle des fêtes?
Une situation pour le moins préoccupante à laquelle les plus hautes autorités en tête desquelles le Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda ne semblent pas se soucier le moins du monde du sort de ces compatriotes. D’ailleurs, étant de son gouvernement, l’idée de transformer ces amphithéâtres en salle de spectacle a sûrement dû être évoquée lors du dernier conseil interministériel et eu l’aval du chef du gouvernement. En effet, plus de deux ans de disette pour les acteurs culturels. 25 mois que le gouvernement n’a jamais daigné déployer des mesures concrètes d’accompagnement pour le secteur de l’événementiel.
Avec 8,2 milliards de FCFA prévus en 2022 pour le compte du budget du ministère de la Culture, gageons que la situation pourra s’améliorer et que les acteurs culturels seront mieux pris en compte en obtenant des solutions pérennes aux problèmes auxquels ils font face. Mais pour l’heure, les artistes sont clochardisés et certains continuent de vivre dans un état précaire ou à brader leur art pour subsister au quotidien.