Gabon–France : Paris face à une nouvelle donne économique
Longtemps acteur économique dominant au Gabon, la France voit désormais son influence contestée par la montée en puissance de nouveaux partenaires internationaux. Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à renouer le dialogue à Libreville, Paris doit composer avec un paysage concurrentiel transformé.
Les liens économiques entre le Gabon et la France ont longtemps reposé sur une forme d’évidence : des entreprises françaises solidement implantées, un tissu commercial dense et des secteurs stratégiques où Paris jouait un rôle pivot. Mais selon les dernières données de la direction générale de l’Économie et de la Politique fiscale, publiées au premier trimestre 2025, cette dynamique n’a plus rien d’automatique.
Une relation historique bousculée par la diversification gabonaise
Si la France reste l’un des dix principaux fournisseurs du Gabon, elle a perdu sa première place — désormais occupée par la Chine. Une évolution qui reflète la stratégie de diversification engagée par Libreville, mais aussi l’arrivée agressive de nouveaux acteurs comme la Turquie, le Togo, l’Inde ou encore les Émirats.
Un tissu entrepreneurial encore fort, mais désormais menacé. En moyenne, plus de 80 entreprises françaises continuent d’opérer au Gabon, représentant environ 14 000 emplois et près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Une présence significative, mais qui ne garantit plus la suprématie.
Dans le domaine minier, Eramet, longtemps seul maître à bord, voit désormais plusieurs groupes étrangers tenter de s’imposer sur le marché du manganèse, encouragés par la décision stratégique du gouvernement de favoriser la transformation locale.
La montée de concurrents asiatiques, moyen-orientaux ou africains s’observe également dans les secteurs du BTP, de l’énergie, du numérique et même de la défense — autant de domaines où les entreprises françaises ne bénéficient plus d’un accès privilégié.
Vers un partenariat rééquilibré ?
C’est dans ce contexte de recomposition géoéconomique qu’intervient la visite du président français. Alors que les autorités gabonaises revendiquent clairement leur souveraineté et affirment rejeter toute forme d’ingérence, Paris doit repenser son approche.
L’exécutif gabonais mise désormais sur des partenariats fondés sur le respect mutuel, la transparence et l’efficacité économique, avec un mot d’ordre : « le Gabon choisit ses partenaires, il ne les subit plus ».
Dimanche pourrait ainsi marquer le début d’un nouveau pacte Gabon–France, davantage orienté vers la performance, l’investissement productif et la transformation locale. Un tournant stratégique crucial pour les entreprises françaises souhaitant rester compétitives dans un environnement où aucune place n’est acquise.









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