Gabon : Fortescue promet un hub industriel à Kobe-Kobe, entre ambitions minières et attente de résultats
Le groupe australien Fortescue a réaffirmé son engagement stratégique au Gabon autour du projet de fer de Belinga, en dévoilant une vision intégrée mêlant mine, chemin de fer et port en eau profonde à Kobe-Kobe. Présenté comme un levier majeur d’industrialisation et de création d’emplois, le projet reste toutefois confronté à un écart persistant entre annonces et concrétisation.
Le dossier Belinga refait surface dans l’agenda économique gabonais. En présentant un plan logistique intégré articulé autour de près de 500 kilomètres d’infrastructures minières, ferroviaires et portuaires, Fortescue entend positionner le port de Kobe-Kobe comme un hub industriel structurant pour l’exportation du minerai de fer. Pour Libreville, l’enjeu est clair : transformer une richesse minérale longtemps dormante en moteur de diversification économique.
Kobe-Kobe, pivot logistique d’une ambition industrielle
Au cœur du dispositif imaginé par Fortescue, le port de Kobe-Kobe doit jouer un rôle central. Pensé comme une plateforme d’exportation de grande capacité, il s’inscrirait dans une chaîne logistique intégrée reliant les gisements de Belinga aux marchés internationaux. Cette infrastructure est présentée comme un catalyseur industriel, susceptible d’attirer des activités connexes et de structurer un corridor économique inédit.
Selon le groupe australien, l’impact économique serait considérable. Les projections avancent jusqu’à 160 000 emplois directs et indirects à l’horizon 2030, une promesse qui nourrit de fortes attentes dans un pays confronté au défi de l’emploi et de la transformation locale des ressources.
Des promesses fortes, des retombées encore limitées
Pour autant, la réalité du terrain invite à la prudence. Malgré des annonces récurrentes et une communication volontariste, Belinga peine à entrer dans sa phase opérationnelle. Ni les infrastructures structurantes ni la production à grande échelle n’ont encore véritablement démarré, alimentant le scepticisme quant au calendrier réel du projet.
Ce décalage entre ambition affichée et exécution soulève plusieurs interrogations : la mobilisation effective des financements, la sécurisation des conditions d’exploitation, mais aussi la capacité à intégrer rapidement les chaînes logistiques nationales dans un projet d’une telle ampleur.
Un test de crédibilité pour la stratégie minière du Gabon
Au-delà de Fortescue, Belinga constitue un test pour la politique minière et industrielle du Gabon. La réussite du projet dépendra de la clarté des partenariats public-privé, de la gouvernance des infrastructures et de la capacité de l’État à obtenir des effets d’entraînement tangibles pour l’économie nationale.
Si la vision portée par Fortescue est ambitieuse, elle devra désormais se traduire par des investissements visibles, des chantiers concrets et des retombées mesurables. À défaut, Belinga risque de rejoindre la longue liste des projets structurants annoncés, mais jamais pleinement réalisés, alors même que le pays cherche à transformer ses ressources naturelles en croissance durable et inclusive.








GMT TV
[youtube-feed feed=2]