Gabon : Fitch alerte sur un endettement à 90% du PIB en 2026
« Irréaliste », c’est le terme employé par l’agence de notation Fitch Ratings, parlant du projet de budget du Gabon pour l’année 2026. Le dernier Conseil des ministres, largement consacré à l’adoption du projet de loi de Finances a en effet entériné un budget record à plus de 7 200 milliards de FCFA, dont une bonne partie financée grâce aux emprunts extérieurs. Selon l’agence de notation, la dette du Gabon devrait ainsi passer de 73% du PIB en 2024 à 90%, crevant ainsi le plafond fixé par la Banque centrale (70% de part du PIB).
Le gouvernement ambitionne de porter les dépenses publiques à 44 % du PIB, principalement tirées par une hausse spectaculaire des investissements (+570 %). Mais cette stratégie volontariste inquiète les bailleurs, notamment en raison d’un déficit budgétaire estimé à 15 % du PIB, très au-dessus des 2 à 2,5 % avancés par la Banque mondiale et le FMI. Une telle dérive risque d’éroder la confiance des créanciers et d’alourdir encore davantage le coût de la dette.
Une dette de plus en plus risquée et difficile à financer
Pour soutenir ce budget ambitieux, Libreville compte mobiliser 60 % des ressources sur le marché intérieur et 40 % via des emprunts extérieurs. Or, Fitch souligne que la profondeur limitée du marché financier sous-régional rend ce plan difficilement tenable. En clair, le Gabon pourrait se heurter à une pénurie de liquidités, contraignant le gouvernement à recourir à des emprunts plus coûteux ou à reporter ses investissements prioritaires.
Sur la dette, avec une part croissante des emprunts libellés en devises, le pays s’expose davantage à une hausse du service de la dette. Dans un contexte de croissance réelle estimée à seulement 2,6 % en 2026 par Fitch, contre 7,9 % selon le gouvernement, le poids des remboursements pourrait absorber une part importante des recettes publiques et limiter les marges de manœuvre budgétaires. En conséquence, Fitch n’exclut pas un nouvel abaissement de la note souveraine du Gabon si les déséquilibres budgétaires persistent.








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