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Gabon : EPG réclame cohérence et justice sociale face aux dérives du pouvoir

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Ce mardi 19 août 2025, Alain-Claude Bilie-By-Nze, président du parti d’opposition Ensemble Pour le Gabon (EPG), a tenu une conférence de presse marquée par une critique frontale du régime en place. L’ancien Premier ministre a dénoncé une gouvernance caractérisée par les incohérences, l’opacité et l’absence de solutions concrètes face aux difficultés sociales.

Un discours centré sur la cohérence et la vérité. Dans son propos liminaire, Alain-Claude Bilie-By-Nze a tenu à adresser des vœux de paix et de prospérité au peuple gabonais à l’occasion de la fête nationale. Mais très vite, le ton est monté : pour lui, la séquence de communication du pouvoir n’a pour but que de « créer un écran de fumée » destiné à détourner l’attention des Gabonais. Derrière cette façade médiatique, estime-t-il, se cachent des scandales à répétition et une incapacité manifeste à répondre aux attentes pressantes des citoyens.

L’ancien Premier ministre a fustigé une transition « née dans la dissimulation et la trahison », conduite selon lui par « la manipulation et la perfidie ». À l’en croire, chaque décision prise par les nouvelles autorités témoigne d’une contradiction flagrante entre les discours et les actes. « Lorsqu’ils prétendent agir dans un sens, c’est dans le sens contraire qu’ils situent leur action », a-t-il martelé.

L’affaire Mbanié, symbole d’un silence inquiétant

Revenant sur le discours présidentiel du 17 août, Bilie-By-Nze a regretté qu’aucune mention n’ait été faite sur le dossier de l’île Mbanié. Après la décision de la Cour internationale de Justice, l’opposant s’interroge : « A-t-on définitivement perdu cette partie de notre territoire ou pas ? » Selon lui, le silence du gouvernement sur ce point ne saurait apaiser une blessure qui continue de hanter la mémoire collective.

Le président de l’EPG a également souligné les zones d’ombre concernant les localités de Mongomo et d’Ebebiyin, que le gouvernement avait promis de récupérer dans un élan triomphaliste. Pour lui, la commission annoncée sur ce dossier n’a jamais produit de résultats concrets. « Le peuple veut savoir, car le silence n’effacera pas cette blessure », a-t-il insisté.

Fin de la géopolitique : une contradiction manifeste

Autre point de discorde, l’annonce présidentielle de la fin de la géopolitique dans les nominations publiques. Bilie-By-Nze a dénoncé une décision prise dans l’improvisation et marquée par des incohérences. « Sur quelles bases ont été nommés les Délégués spéciaux des communes du Gabon, si ce n’est sur la géopolitique ? », a-t-il questionné, citant les cas de Libreville, Port-Gentil, Lambaréné et Tchibanga.

Il a ajouté que le régime avait, paradoxalement, investi ses candidats pour les élections locales et législatives en tenant compte de l’origine géo-ethnique, preuve supplémentaire de contradictions internes. Pour l’EPG, cette confusion révèle un manque de vision et une volonté de brouiller le jeu politique au détriment de la clarté et de la cohérence républicaine.

Une gouvernance économique minée par l’opacité

Sur le plan économique, Alain-Claude Bilie-By-Nze a critiqué avec vigueur l’objectif annoncé d’un taux de croissance de 10 %. Selon lui, une telle ambition est irréaliste compte tenu de la trajectoire actuelle. « Comment passer de 2,5 % à 10 % alors que la dette publique s’alourdit et que les finances manquent de lisibilité ? », s’est-il interrogé. Il a également mis en lumière le rôle du ministre de l’Économie, empêtré selon lui dans « un conflit d’intérêts assumé », ce qui ternirait l’image du pays auprès des investisseurs.

L’opposant a rappelé que plus de 95 % des marchés publics sont attribués de gré à gré, en violation flagrante du Code des marchés publics. Une pratique qui, selon lui, décrédibilise toute volonté affichée de transparence et mine les principes élémentaires de bonne gouvernance. Cette réalité économique, a-t-il affirmé, place le Gabon dans une situation de vulnérabilité qui éloigne toute perspective crédible de relance.

Un plaidoyer social en faveur des populations

Abordant la situation sociale, le leader de l’EPG a plaidé pour la mise en place de minima sociaux afin de soulager les ménages. Il a proposé la revalorisation des salaires, l’augmentation des pensions de retraite et l’instauration d’une prime de rentrée scolaire pour les familles défavorisées. Pour lui, ces mesures sont indispensables face à « l’érosion accélérée du pouvoir d’achat des ménages ».

Concernant la jeunesse, il a dénoncé la baisse de l’enveloppe budgétaire consacrée aux bourses d’études et l’interdiction de financer des formations à l’étranger. Selon lui, cette décision rompt avec une tradition initiée par Léon Mba et prolongée par Omar Bongo, qui avait permis au pays de former une élite compétente. En guise d’alternative, il a proposé l’extension de l’Université Omar Bongo, notamment sur les sites de déguerpissements de la Plaine et de l’Assemblée nationale.

« Une vigilance de tous les instants »

En clôture de son intervention, Alain-Claude Bilie-By-Nze a insisté sur la nécessité d’un financement clair de la démocratie, tout en dénonçant « les intimidations à l’encontre des journalistes, activistes et acteurs politiques ». Selon lui, la démocratie a un coût et doit être assumée avec sincérité par les gouvernants.

Enfin, il a réaffirmé l’engagement d’Ensemble Pour le Gabon à demeurer du côté du peuple. « Notre vigilance sera de tous les instants sur tous les sujets », a-t-il conclu, appelant les Gabonais à la lucidité et à la mobilisation face à ce qu’il considère comme les dérives du pouvoir actuel.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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