Gabon : entre hommes de convictions et opportunistes, le pouvoir face à son choix moral
Dans un pays en quête de refondation institutionnelle, la question n’est plus de savoir qui parle le plus fort, mais qui agit selon des principes clairs. Car le pouvoir révèle une ligne de fracture fondamentale : celle qui sépare les hommes de convictions des opportunistes. Une distinction décisive pour la confiance publique et la survie même de l’État de droit.
Un homme est porté par des principes. Non par des circonstances, des calculs ou des intérêts fluctuants. Les principes sont ce qui structure une trajectoire, ce qui donne une cohérence à une parole, ce qui permet à une action publique d’être lisible, prévisible et donc crédible.
À l’inverse, un homme sans principes navigue au gré des vents. Il épouse les causes dominantes du moment, se pare de vertus quand elles sont rentables, et s’en défait dès qu’elles deviennent contraignantes. Il parle de morale sans s’y soumettre, de justice sans l’accepter pour lui-même.
On ne peut pas être pour le vice et la vertu. On ne peut pas défendre aujourd’hui la liberté, et la piétiner demain au nom de l’opportunité politique. Cette incohérence n’est pas une nuance : c’est une faute morale.
Convictions contre opportunisme : une ligne de fracture politique
Dans toute société, deux catégories d’hommes coexistent. Les hommes de convictions, et les opportunistes. Les premiers assument le coût de leurs positions. Ils savent que la fidélité à une ligne peut isoler, exposer, fragiliser. Mais ils tiennent. Parce que leurs convictions ne sont pas négociables. Parce qu’ils savent qu’un homme sans convictions n’est qu’un instrument interchangeable.
Les seconds, eux, prospèrent dans les zones grises. Ils changent de discours selon la position qu’ils occupent. Contestataires hier, autoritaires aujourd’hui. Défenseurs du droit quand ils sont faibles, fossoyeurs de la loi quand ils sont forts.
Le danger n’est pas qu’ils existent. Le danger est qu’ils accèdent au pouvoir sans être identifiés comme tels.
Le pouvoir comme révélateur, pas comme excuse
Être en position de pouvoir ne donne pas le droit de trahir ses principes. Au contraire : le pouvoir oblige. Il exige de la constance, de la hauteur, et surtout une capacité à distinguer ceux avec qui l’on gouverne.
Un pouvoir qui ne sait pas faire la différence entre les hommes de convictions et les opportunistes devient vulnérable. Il s’entoure de courtisans, de caméléons politiques, de profils capables de servir aujourd’hui et de trahir demain. La confiance devient impossible. La loyauté, une illusion.
Dans un État en transition, cette confusion est mortelle. Elle fragilise les institutions, dégrade la justice, instrumentalise l’administration et installe un climat de soupçon permanent.
Sans convictions, il n’y a ni confiance ni État de droit
La confiance politique ne repose pas sur les slogans, mais sur la cohérence. Un homme de convictions est prévisible : on peut être en désaccord avec lui, mais on sait où il se situe. Un opportuniste, lui, est imprévisible par essence. Il obéit à l’intérêt immédiat, pas à une vision.
C’est précisément cette imprévisibilité qui détruit l’État de droit. Quand les règles changent selon les personnes, quand la loi est appliquée selon les affinités, quand les principes sont brandis comme des armes plutôt que respectés comme des normes, la République recule. Le Gabon n’a pas besoin de figures habiles. Il a besoin de figures constantes.
Une exigence pour l’avenir politique du pays
À l’heure où le pays prétend se refonder, la question est simple et brutale : qui sont les hommes de convictions, et qui sont les opportunistes ?
Et surtout : avec qui le pouvoir choisit-il de gouverner ?
Car on peut reconstruire des institutions. On peut réécrire des textes. Mais sans convictions solides, tout édifice politique finit par s’effondrer.
L’histoire est implacable : les opportunistes passent, les convictions restent.
Et ce sont toujours elles qui, à long terme, jugent le pouvoir.









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