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Gabon : Doit-on ramener la peine de mort avec la recrudescence de crimes crapuleux ?

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Le Gabon est une nouvelle fois confronté à l’indicible horreur qui secoue la société depuis quelques jours. En effet, la découverte macabre du corps sans vie du jeune Pascal Cameron Ngueba Loko, 13 ans, dans une fosse septique à Nzeng-Ayong, le 22 décembre, a plongé le pays dans la consternation et ravivé un débat brûlant. Ne faut-il pas rétablir la peine de mort pour endiguer la vague de crimes rituels et de féminicides ?

Instituée en 1963 par la loi n°21/63 du 31 mai, portant code pénal, la peine capitale visait les crimes de sang volontaires avec mutilation ou décapitation, ainsi que les insurrections. Elle a d’ailleurs été appliquée pour la dernière fois en 1985, avant d’être abolie en 2010 par la loi n°3/2010 promulguée le 15 février. Depuis, les Gabonais déplorent une impunité croissante face à des actes d’une cruauté extrême. Et ce, de Libreville à Minvoul en passant par Lambaréné.

Bébé Cameron, le crime de trop à sévir définitivement ?

Le drame de l’enfant Cameron, disparu le 18 décembre après une simple course chez un épicier, démontre la montée inexpliquée de cette violence. Retrouvé sans vie, son cas a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Nombre d’internautes exigent une sanction proportionnelle. « Ôter la vie d’un enfant et le jeter dans une fosse septique témoigne d’une inhumanité absolue. La justice doit réagir fermement », clament-ils. La Première Dame, Zita Oligui Nguema, s’est émue publiquement, lançant un « Plus jamais ça ! ».

Un message fort qui résonne comme un appel à l’action. Disons-le, ce crime n’est pas isolé et intègre tristement une recrudescence des assassinats à caractère rituel et des féminicides. En 2025, des plaidoyers appellent à réhabiliter la peine de mort pour éradiquer ces fléaux, souvent liés à des croyances occultes ou à des quêtes de pouvoir. Historiquement, l’exécution de Dominique Mombo, dit « le sadique de La Peyrie », en 1974 pour féminicides, avait contribué à une baisse de ces crimes. La 5eme République qui s’est engagée à répondre aux aspirations populaires, est appelée à donner une réponse dissuasive.

Impartialité à maintenir à tout prix !

Si le Dialogue national inclusif de 2024 a permis d’exprimer les frustrations du peuple gabonais, la question de la peine capitale reste en suspens. Pourtant, les partisans d’un retour prudent de la peine de mort mettent en garde contre les abus passés. Faut-il rappeler que sous Omar Bongo Ondimba, la peine de mort a servi d’instrument de règlements de comptes. L’affaire Jean-Baptiste Medang Ovono, sourd-muet et atteint de démence, condamné sans pouvoir se défendre, ou celle du capitaine Alexandre Mandja Ngokoutaexécuté en 1985.

Ce militaire, réputé intègre par ses pairs, avait été tué pour une prétendue trahison sans preuves tangibles. Face à ces crimes qui défient l’humanité, la justice gabonaise doit adapter ses réponses sans risquer de perpétuer l’arbitraire. Alors que des suspects ont été interpellés dans l’affaire Cameron, le pays attend une décision forte. Réinstaurer la peine de mort dissuasivera-t-elle les criminels, ou faut-il renforcer les peines perpétuelles et l’impunité zéro ? Le débat est ouvert, et Brice Clotaire Oligui Nguema, gardien des aspirations populaires, devra trancher avec sagesse pour éviter que le pire n’arrive.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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