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Gabon : Doha lorgne sur l’énergie, les infrastructures et l’agriculture

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Le Qatar, qui multiplie depuis quelques années ses offensives économiques sur le continent africain, pourrait désormais tourner son regard vers le Gabon. Selon des sources proches des discussions, Libreville figurerait dans la short-list des pays ciblés pour accueillir une partie des financements qataris dans l’énergie, les infrastructures et l’agriculture, trois priorités du projet de société du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.

L’énergie au cœur des priorités. Dans le secteur énergétique, les pistes évoquées portent principalement sur les énergies renouvelables. Le Gabon, dont le taux d’électrification peine à dépasser 60% à l’échelle nationale, cherche à diversifier son mix énergétique et à réduire sa dépendance au thermique.

Des projets de centrales solaires et hydroélectriques figureraient parmi les options discutées. À titre de comparaison, le dernier projet solaire lancé par Meridiam au Togo a mobilisé près de 40 milliards de FCFA pour 50 MW de capacité. Un partenariat avec Doha pourrait donc permettre au Gabon d’ambitionner une montée en puissance bien plus significative, en particulier dans l’hinterland.

Infrastructures : combler un déficit chronique

Les infrastructures constituent un autre axe majeur de coopération. Avec une dette publique qui pourrait atteindre 72,6 % du PIB en 2027 selon le cadrage macroéconomique, Libreville ne dispose plus des marges budgétaires suffisantes pour financer seule la modernisation de ses routes, ports et corridors logistiques.

L’arrivée des capitaux qataris viendrait combler ce vide, notamment pour fluidifier les exportations de bois, de manganèse et de pétrole, des secteurs où le Gabon reste tributaire de goulets d’étranglement logistiques. L’expérience qatarie dans le développement portuaire, notamment à travers QTerminals déjà actif à Doha et en Méditerranée, pourrait être déclinée sur les côtes gabonaises.

Agriculture : souveraineté alimentaire en ligne de mire

Le Gabon importe encore près de 60% de ses denrées alimentaires, un déficit structurel que le gouvernement veut réduire par la montée en puissance des filières agro-industrielles. Doha, qui investit massivement en Afrique pour sécuriser sa propre souveraineté alimentaire, pourrait apporter capitaux et savoir-faire.

L’implantation d’unités de transformation locales — huileries, rizeries, usines de conditionnement — constituerait un levier immédiat pour réduire les importations et créer des emplois. À titre d’exemple, le Qatar a déjà investi plus de 200 milliards de FCFA dans l’agriculture au Soudan et en Éthiopie.

Attirer sans s’endetter davantage

Pour Libreville, l’enjeu sera d’attirer ces financements sans alourdir la dette publique et de garantir un transfert de technologies réel. Une annonce officielle pourrait intervenir lors des prochains sommets Qatar-Afrique, confirmant le Gabon comme partenaire stratégique des pétrodollars qataris.

Mais au-delà des effets d’annonce, une question reste centrale : ces milliards, s’ils se concrétisent, serviront-ils à transformer durablement l’économie gabonaise ou à financer de nouveaux chantiers vitrines sans impact structurel ?

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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