Gabon: des voeux à la Nation d’Ali Bongo loin de la réalité
Le discours de vœux à la Nation du chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba le 31 décembre dernier n’aura vraisemblablement pas été du goût de nombreux acteurs politiques et de la société civile. Et pour preuve de nombreux commentaires recueillis ça et là qui ont fustigé non seulement le discours guerrier et emprunt d’accusations contre les fonctionnaires mais surtout d’autosatisfaction pour le moins curieux.
Très attendu au moment où le pays est secoué par un front social de plus en plus en ébullition, l’allocution du président de la République aura été un véritable rendez-vous manqué. En effet, alors que l’opinion s’attendait à un discours d’apaisement, voire plus rassurant à l’égard de ces concitoyens accablés depuis un peu plus de deux ans par la crise sanitaire liée au covid-19, Ali Bongo Ondimba s’est livré à un véritable discours défensif et autosatisfaisant très loin de la réalité.
Une posture qui n’a d’ailleurs pas manqué de susciter des réactions au sein de l’opinion. C’est le cas du président de l’Alliance pour la renaissance nationale (Arena) Richard Moulomba Mombo qui a fustigé un discours à la Nation « rempli encore une fois de fausses promesses, et emprunt de menaces vis-à-vis à la fois des fonctionnaires, en particulier les enseignants et les agents des régies financières; et des anti “vaccin obligatoire”, qui jouissent pourtant de leur liberté et droits garantis par notre Constitution. ».
Pour sa part, les fonctionnaires réunis au sein de la Fédération des collecteurs des régies financières (Fecorefi) ont vu en ce discours, la main noire d’un groupuscule gravitant autour du chef de l’Etat. « Complètement aphone face à la déstructuration du climat social dans nos administrations, les thuriféraires du pouvoir n’ont pas trouvé mieux que de jeter, une énième fois, la parole du Chef de l’Etat en pâture en le plongeant dans une indécente autosatisfaction. », peut-on lire dans leur communiqué.
Même son de cloche pour le leader de la société civile Marc Ona Essangui a souligné « le déphasage avec les réalités socio-économiques du pays. » qui semble coller à la peau Ali Bongo Ondimba. Un avis que semble partager d’ailleurs le cadre de l’Union nationale Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. « Un homme d’Etat ne se plaint pas des grèves des enseignants et des autres fonctionnaires. Il ne monte pas les Gabonais les uns contre les autres en désignant les fonctionnaires comme boucs émissaires. », s’est-il indigné dans une publication sur son compte Facebook.
Il faut souligner que ces réactions semblent être très partagées au sein de l’opinion nationale qui s’est étonnée de la posture quelque peu guerrière et du président de la République alors que ce dernier gagnerait à apaiser les tensions perceptibles depuis plusieurs mois surtout à moins de deux ans des prochaines échéances électorales.