Gabon : Démarcheurs et agences immobilières non déclarées, le bail locatif en danger

Au Gabon, le secteur immobilier est en proie à un désordre organisé qui met en péril la stabilité des relations locatives et le pouvoir d’achat des citoyens. Les démarcheurs immobiliers et les agences de fait, c’est-à-dire non déclarées, opèrent dans l’ombre, imposent des pratiques abusives, notamment des frais exorbitants pouvant atteindre 50 % du prix du loyer. Une obligation illégale qui plonge les populations dans une situation de précarité et d’incertitude.
Le manque d’encadrement réglementaire du bail à location dans notre pays constitue une menace sérieuse pour les locataires, souvent démunis face à ces dérives. Dans les rues de Libreville, les démarcheurs, souvent autoproclamés « agents immobiliers », pullulent sans aucune autorisation légale voire de siège social. Ces intermédiaires auto-désignés, dépourvus de formation ou de statut officiel, profitent de la crise du logement pour soutirer des commissions démesurées aux locataires et aux propriétaires. Si en 2020, le ministère de l’Habitat avait annoncé une régularisation du secteur pour protéger les consommateurs, 5 ans plus tard, peu de progrès ont été enregistrés.
L’État appelé à protéger les locataires !
Les démarcheurs continuent d’exiger des frais de visite arrêtés à 5 000 FCFA et des commissions équivalant à 50 voire 100% du loyer. Et ce, sans garantie de transparence ni de légalité. Les agences immobilières non déclarées aggravent cette situation car ces structures fantômes, exercent en dehors du cadre légal. Elles omettent souvent de fournir des contrats de bail conformes, exposant les locataires à des litiges et à des expulsions arbitraires. Selon la loi gabonaise, tout loyer supérieur à 200 000 FCFA doit être accompagné d’un contrat visé par la Direction générale de la concurrence et de la consommation.
Mais cette règle est largement ignorée. Les locataires, souvent peu informés de leurs droits, se retrouvent piégés, payant des frais indus sans recours efficace. Sapristi ! Ce chaos immobilier a des conséquences dramatiques. Les loyers, déjà gonflés par une inflation galopante, deviennent inabordables pour les ménages modestes. D’ailleurs, un article de Gabon24 souligne que les Gabonais économiquement faibles consacrent l’essentiel de leurs revenus au loyer, au détriment des autres besoins essentiels. Cette situation est exacerbée par les pratiques frauduleuses, comme la proposition de biens inadaptés ou déjà loués, visant uniquement à collecter des frais de visite.
Les citoyens, coincés entre ces démarcheurs véreux et des bailleurs parfois complices, ne savent plus à qui s’adresser. Face à ce constat, des solutions s’imposent. D’abord, une application rigoureuse de la loi n°006/2017, qui réglemente la profession d’agent immobilier au Gabon, est essentielle. Les autorités doivent intensifier les contrôles pour identifier et sanctionner les démarcheurs et agences non déclarés. Ensuite, une campagne de sensibilisation pourrait informer les locataires de leurs droits qui permet de signaler les abus. Enfin, la création d’un registre national des professionnels immobiliers, accessible au public, garantirait une transparence accrue.
GMT TV