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Gabon : dégradation de la situation budgétaire en 2024 sous l’effet de dépenses expansionnistes

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Dans sa Note de conjoncture économique du Gabon 2025, rendue publique en juin 2025, la Banque mondiale alerte sur la détérioration marquée de la situation budgétaire du pays en 2024. Ce recul est principalement imputable à une politique de dépenses expansionniste, adoptée dans un contexte de repli des recettes pétrolières. Selon le rapport, malgré des progrès notables dans la mobilisation des recettes fiscales et douanières grâce à la numérisation, « le solde budgétaire s’est fortement dégradé en 2024 », passant d’un excédent de 1,8 % du PIB en 2023 à un déficit estimé à -3,7 %. Le solde primaire non pétrolier a, quant à lui, plongé de -9,4 % à -15,9 % du PIB non pétrolier, illustrant l’ampleur des pressions budgétaires.

Cette dérive s’explique par une incapacité à contenir les dépenses, conjuguée à des difficultés persistantes à mobiliser de nouvelles recettes et à publier en temps utile les données budgétaires essentielles, notamment celles liées aux investissements publics. « Outre les difficultés à contenir les dépenses, d’autres défis importants incluent l’absence de publication en temps utile de données budgétaires clés », indique la Banque mondiale. En somme, les choix budgétaires de 2024 ont affaibli les marges de manœuvre de l’État et fragilisé sa trajectoire financière.

Un endettement croissant et des financements limités

Pour compenser ses besoins croissants, l’État a dû recourir massivement à l’emprunt, faisant grimper le niveau de la dette publique à 72,5 % du PIB, contre 70,6 % en 2023. Le Gabon s’est principalement tourné vers le marché financier régional, où il a pu mobiliser 664,3 milliards de FCFA, soit 91,3 % du montant visé. Cependant, cette stratégie s’est heurtée à plusieurs obstacles : la dégradation de la note souveraine du pays par Fitch et Moody’s en juin 2024 a accru le coût et la difficulté d’accès au financement.

Par ailleurs, le pays n’a pu lever aucun financement sur le marché international, contrairement aux prévisions de la loi de finances rectificative qui comptait sur 469,9 milliards de FCFA. Ce manque à gagner a provoqué un déficit de financement et entraîné une accumulation d’arriérés extérieurs, dont le stock a bondi à 1,8 % du PIB fin 2024, contre 0,5 % en 2022. La Banque mondiale souligne que cette dynamique représente un risque sérieux pour la stabilité budgétaire et financière à moyen terme.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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