Gabon: CHR d’Oyem, un mouroir à ciel ouvert
C’est l’état dans lequel se trouve actuellement le Centre hospitalier régional d’Oyem (CHRO) tel que décrit par l’Agence gabonaise de presse (AGP). Entre la mauvaise qualité de prise en charge des patients, la gestion scabreuse des médicaments remis à titre gracieux à l’hôpital et la vétusté des plateaux techniques existants, le CHR n’est plus que l’ombre de lui-même.
« Une image qui contraste fortement avec celles des Centres hospitaliers des autres provinces ». C’est ainsi qu’un correspondant de l’AGP a décrit le Centre hospitalier régional d’Oyem, dans la province du Woleu Ntem, ouvert au début des années 2000. Le principal établissement sanitaire de la ville est décrié par les populations environnantes. Pour cause, et selon le récit de l’AGP, au CHRO l’atmosphère est morose, les patients en attente d’être reçus en consultation donnent l’impression d’être abandonnés à eux-mêmes, face notamment au mépris affiché par certains infirmiers, ainsi qu’à la lenteur de la prise en charge.
« Notre compagnon est placé sur un lit en attendant sa perfusion qu’il recevra finalement trois heures plus tard », a expliqué le correspondant de l’AGP, qui aura découvert cette facette peu reluisante du CHRO à la faveur d’une consultation en urgence. L’établissement hospitalier est un mouroir pour les nombreux habitants de la ville, qui choisissent désormais de se faire traiter dans des structures de santé privées, lorsqu’ils ont des moyens ou l’assurance publique. « Dieu merci, aujourd’hui, il y a à Oyem suffisamment de structures de santé privées et certaines travaillent avec la CNAMGS, dès que j’ai un problème de santé, ou mon époux, c’est là-bas que nous nous rendons, pas à l’hôpital canadien, trop de problèmes là-bas », a confié à l’AGP une habitante d’Oyem.
A côté de la mauvaise qualité de la prise en charge des patients, l’autre fait relevé par le correspondant de l’AGP est « obsolescence » des plateaux techniques du CHRO, obérant le bon fonctionnement de l’hôpital. Dans cette histoire, le personnel paramédical n’est pas épargné. Au contraire, il est foncièrement pointé du doigt. « Selon des informations concordantes, le personnel paramédical serait en grande partie responsable de la dégradation de la qualité de la prise en charge des patients au Centre hospitalier régional d’Oyem », rapporte-t-il, faisant notamment référence à des actes de corruption.
Ces comportements affichés par les agents de santé du Centre hospitalier régional d’Oyem corroborent d’ailleurs l’avis du ministre de la Santé, le Dr. Guy Patrick Obiang Ndong qui dénonçait l’attitude des médecins qui selon lui sont en partie « responsables de la dégradation du système de santé du pays ».