Gabon : Camelia Ntoutoume bafoue le protocole républicain en politisant la levée des couleurs

Le lundi 3 mars 2025, la ministre de l’Éducation nationale, Camelia Ntoutoume, a surpris par ses propos lors de la traditionnelle cérémonie de levée des couleurs au Ministère. Plutôt que de se conformer au protocole républicain, elle a invité des élèves et le personnel du ministère à chanter « Joyeux anniversaire » en l’honneur du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Une initiative qui interroge sur la compréhension des principes républicains et la séparation entre l’État et l’individu à la tête de l’exécutif.
Une entorse au protocole républicain. La levée des couleurs est un rituel institutionnel qui incarne le respect des valeurs républicaines et la souveraineté nationale. Il s’agit d’un moment solennel, encadré par un protocole strict, qui impose le respect du drapeau et de l’hymne national. En y intégrant une célébration d’anniversaire, la ministre a dénaturé cette cérémonie en la transformant en un hommage personnel au chef de l’État. Or, dans une République, les institutions sont au service du pays, et non d’un individu, fut-il président.
Une confusion entre État et personnalité présidentielle
L’initiative de Camelia Ntoutoume soulève une problématique plus large : la tentation de personnifier le pouvoir. Certes, la reconnaissance du travail accompli par le chef de l’État est légitime, mais elle ne doit pas empiéter sur le fonctionnement républicain. Associer un rituel institutionnel à une célébration individuelle donne l’impression d’une instrumentalisation des symboles de l’État à des fins personnelles ou partisanes.
Loin d’être anodine, cette démarche fragilise les principes démocratiques. Comme l’a rappelé un enseignant sous anonymat. « Nous sommes dans une République, pas dans une monarchie. La levée des couleurs symbolise notre attachement au pays, et non à un dirigeant », a-t-il commenté.
Si une telle initiative venait à se généraliser, où placerait-on la limite ? Demain, assistera-t-on à des louanges officielles systématiques à chaque anniversaire présidentiel, y compris dans des institutions censées demeurer neutres comme l’école ? Dans les démocraties modernes, un président peut être célébré dans des cadres appropriés : par des messages officiels, des cérémonies distinctes, mais pas dans un rituel républicain comme la levée des couleurs.
Un rappel nécessaire à la ministre Camelia Ntoutoume
En tant que membre du gouvernement, Camelia Ntoutoume se doit d’incarner les valeurs républicaines et de préserver l’intégrité des institutions. Son initiative révèle soit d’une méconnaissance des usages institutionnels, soit une volonté maladroite d’afficher une loyauté au chef de l’État. Dans les deux cas, un recadrage est nécessaire pour éviter de brouiller la séparation entre la fonction présidentielle et la République elle-même.
Si la ministre de l’Education nationale voulait honorer l’anniversaire du chef de l’État, elle aurait pu organiser un événement distinct, sans mêler cette célébration à une cérémonie institutionnelle. En République, la loyauté ne doit jamais primer sur le respect des principes fondamentaux.
QUAND ON VOUS DIT QUE TOUS LE MONDE NE COMPREND PAS LES CHOSES DE LA MEME FACON. MEME SUR LE BANC DE L’ECOLE…