Gabon-2050 : 3 Gabonais sur 4 ne croient plus en la justice

Selon l’Étude Nationale Prospective « Gabon-2050 », les Gabonais expriment massivement leur défiance à l’égard des institutions judiciaires et sécuritaires. Entre corruption, sentiment d’impunité et inefficacité perçue des forces de l’ordre, le divorce entre la population et les garants de l’État de droit semble consommé.
Lancée le 30 octobre 2024, l’Étude Nationale Prospective (ENP) « Gabon-2050 » visait à dresser un diagnostic lucide des attentes des citoyens à l’horizon des prochaines décennies. Les premiers résultats de cette enquête, menée sur un échantillon représentatif à travers tout le pays, révèlent une réalité préoccupante : la confiance des Gabonais dans la justice et la sécurité est gravement érodée, malgré les réformes en cours.
Une justice perçue comme partiale et inefficace
L’un des constats les plus alarmants concerne l’institution judiciaire. 75 % des personnes interrogées estiment que la justice n’est pas bien rendue au Gabon, contre seulement 25 % qui affirment le contraire. Ce chiffre traduit un sentiment généralisé d’injustice, nourri par la lenteur des procédures, les soupçons de corruption, et l’impression d’une justice à deux vitesses.
Ce déficit de crédibilité pèse lourdement sur la cohésion sociale et l’autorité de l’État, dans un contexte où la lutte contre l’impunité est pourtant érigée en priorité politique par les nouvelles autorités.
Insécurité quotidienne et absence de l’État sur le terrain
La défiance s’étend également au secteur sécuritaire. 65 % des citoyens ne se sentent pas en sécurité dans leur quartier ou leur village. Ce sentiment d’insécurité est particulièrement élevé dans les zones urbaines : 62,4 % dans l’Estuaire et 50,4 % dans l’Ogooué-Maritime affirment craindre pour leur sécurité.
Les principales menaces identifiées sont le vol (44,4 %), les braquages (28,6 %), les agressions (15,0 %) et dans une moindre mesure, les crimes rituels (1,0 %) et les viols (0,7 %). Face à cela, 82 % des personnes interrogées dénoncent l’absence d’interventions régulières des services de sécurité, alimentant le sentiment d’abandon et l’auto-défense dans certains quartiers.
Un enjeu de refondation démocratique et institutionnelle
Ces résultats posent une question fondamentale à la transition en cours : comment restaurer la confiance dans des institutions que l’immense majorité juge inefficaces ou corrompues ? La réponse passe par des actes concrets, visibles, et une réforme en profondeur des systèmes judiciaire et sécuritaire.
Le rapport Gabon-2050 agit ainsi comme un miroir sans complaisance : il révèle l’urgence d’une refondation de la gouvernance publique, avec une justice crédible, une sécurité de proximité, et une tolérance zéro envers la corruption. Faute de quoi, l’ambition d’un Gabon réconcilié avec lui-même restera lettre morte.
NE CROIENT PLUS, NON. N’ONT JAMAIS CRU ET NE CROIERONT JAMAIS EN LA JUSTICE AU GABON