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Gabon : Brice Laccruche Alihanga brise le silence sur les origines de sa chute

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Dans un témoignage inédit, l’ancien Directeur de Cabinet du président Brice Laccruche Alihanga raconte avoir refusé d’adhérer à un projet dynastique piloté par Noureddin Bongo Valentin, quelques semaines avant son arrestation en 2019.

Pour la première fois depuis sa libération, Brice Laccruche Alihanga est revenu, lundi 4 août 2025 sur TV5 Monde, sur l’épisode qui, selon lui, a scellé son sort au sommet de l’État. L’ancien homme fort du Palais du bord de mer, arrêté en novembre 2019 dans le cadre de l’opération « Scorpion », affirme avoir été approché par Noureddin Bongo Valentin pour soutenir une ambition présidentielle qu’il qualifie de « dérive monarchique ».

« Es-tu avec moi ou contre moi ? »

Selon son récit, tout s’est joué lors d’un échange en tête-à-tête, à la fin de l’année 2019. « Nourreddin Bongo m’a dit : Mon grand-père était président, mon père est président, je serai président. Es-tu avec moi ou contre moi ? », relate Brice Laccruche Alihanga.

Face à ce qu’il perçoit comme une tentative de succession héréditaire, il dit avoir tranché sans détour : « J’ai dit non au prince qui voulait devenir roi. J’ai signé mon arrêt de mort. » Une réponse qui, à ses yeux, a précipité non seulement son arrestation, mais aussi ce qu’il considère comme une tentative d’élimination physique.

Une chute orchestrée

« C’était une mise en œuvre organisée, planifiée, qui visait à m’assassiner », affirme-t-il. Ce refus d’entrer dans un schéma de pouvoir personnel aurait transformé l’ancien proche du président Ali Bongo Ondimba en ennemi à abattre.

Jusqu’ici décrit comme un collaborateur déchu rattrapé par des accusations de corruption, Brice Laccruche était visiblement un opposant interne à la dérive monarchique qui se dessinait. Pour lui, sa détention prolongée relevait moins d’un dossier judiciaire que d’un verrouillage politique.

Les dessous d’une succession inavouée

Ses propos, lourds de conséquences, offrent un éclairage inédit sur les luttes d’influence qui ont secoué la présidence Bongo à la fin des années 2010. Ils confortent l’idée d’un système prêt à écarter, par tous les moyens, ceux qui refusaient de se soumettre à la logique de transmission familiale du pouvoir.

« Je ne voulais pas servir un pouvoir personnel, illégitime et héréditaire », insiste-t-il, dépeignant une machine politique capable d’éliminer ses propres piliers lorsqu’ils deviennent gênants.

Un retour sur la scène politique ?

En rompant le silence, Brice Laccruche Alihanga se repositionne comme témoin central des manœuvres visant à instaurer une « monarchie républicaine » au Gabon. Son récit pourrait relancer le débat sur l’indépendance des institutions et la réalité des équilibres internes au sommet de l’État avant le coup de force du 30 août 2023.
« J’ai tout perdu, mais je n’ai pas perdu ma parole », conclut-il, laissant entendre que ce témoignage n’est qu’une première étape d’une vérité qu’il entend désormais livrer au grand jour.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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