Gabon : Bilie-By-Nze dénonce un gouvernement «sans cap et sans boussole»

Dans un entretien accordé à Jeune Afrique ce mercredi 27 août 2025, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ex-Premier ministre et arrivé deuxième à la présidentielle d’avril dernier, n’a pas mâché ses mots à l’égard du chef de l’État et de son gouvernement. Le président d’Ensemble pour le Gabon (EPG) accuse l’exécutif d’être « à bout de souffle », sans priorités claires, et de perpétuer les travers de la mal-gouvernance.
Celui qui a dirigé la Primature sous Ali Bongo Ondimba et s’est imposé comme le principal adversaire de Brice Clotaire Oligui Nguema lors de la présidentielle d’avril dernier, dresse un constat sans appel. Pour Alain Claude Bilie-By-Nze, l’actuel exécutif ne diffère en rien du précédent régime. « Les premiers pas de ce gouvernement ressemblent en tous points à ceux du précédent, c’est-à-dire qu’une seule personne donne le ton et régente tout », a-t-il martelé.
Selon lui, la concentration des pouvoirs entre les mains du président traduit une gouvernance verrouillée où le gouvernement « n’a ni cap, ni axe précis, ni boussole ». Plus grave encore, il estime que la nouvelle Constitution a « légalisé » ce qui devrait être qualifié de dérive institutionnelle : « On a habillé de légalité ce qui, en réalité, aurait dû relever de la mal-gouvernance », a-t-il dénoncé.
Des priorités nationales ignorées : santé, éducation et vie chère en panne
L’ex-Premier ministre ne se contente pas de critiquer la forme : il s’attaque au fond de l’action gouvernementale, qu’il juge inexistante. Pour lui, les priorités nationales sont totalement ignorées. « Est-ce la santé ? Assurément non, au regard de la situation catastrophique dans nos hôpitaux », a-t-il affirmé, pointant du doigt l’absence de moyens, la vétusté des plateaux techniques et le manque criant de personnel médical.
Même constat dans le secteur éducatif, où Alain Claude Bilie-By-Nze dénonce une politique qui « réduit les bourses, laisse perdurer le déficit d’enseignants et entretient l’inadéquation entre formation et emploi ». Quant à la lutte contre la vie chère, il balaie les annonces gouvernementales, qu’il qualifie de « poudre aux yeux » : « Les dernières décisions n’ont trouvé aucune traduction concrète sur le terrain », a-t-il insisté.
Un pouvoir qui mise sur l’illusion de l’action
Pour l’opposant, l’actuel exécutif s’emploie à donner le change avec quelques chantiers visibles mais sans vision globale. « Le bruit de quelques pelleteuses déployées ici et là ne peut suffire à donner de la lisibilité à l’action du gouvernement », déclare-t-il, dénonçant une communication creuse face à des réalités sociales qui demeurent inchangées.
« Personne n’est capable de dire quelles sont les véritables priorités de ce gouvernement », ajoute-t-il, évoquant un régime déjà « à bout de souffle » moins d’un an après sa mise en place. Un réquisitoire qui place Oligui Nguema face à une contradiction majeure : prôner la rupture tout en reproduisant, selon Bilie-By-Nze, les mécanismes de contrôle et d’inefficacité hérités du système Bongo.
Législatives : l’EPG en quête d’un espace politique
À un mois des élections législatives et locales, cette sortie n’est pas anodine. Elle vise à préparer le terrain pour Ensemble pour le Gabon, formation qui malgré l’invalidation de plusieurs de ses candidatures, espère peser dans le futur Parlement. Pour Bilie-By-Nze, ces élections représentent l’occasion de transformer son rôle d’opposant en une force politique structurée et crédible.
« Nous atteignons les limites d’un système qui concentre tous les pouvoirs entre les mains d’un seul », martèle-t-il, se présentant comme le porte-voix d’une alternative. Son message est clair : offrir aux Gabonais un contre-pouvoir face à un exécutif qu’il juge sans imagination et sans perspectives.
GMT TV