Gabon : Béthanie, 40 ans d’épreuves, de foi et d’ancrage national
À l’occasion de son 40ᵉ anniversaire, le Centre d’évangélisation Béthanie revient sur un parcours marqué par l’adversité, la persévérance et l’expansion. Dans un entretien accordé au quotidien L’Union le 16 décembre 2025, le révérend pasteur Francis Michel Mbadinga retrace l’histoire d’un mouvement devenu un acteur religieux majeur au Gabon et au-delà.
Le Centre d’évangélisation Béthanie s’apprête à célébrer, à partir du 17 décembre 2025, quatre décennies d’existence. Un cap symbolique pour cette communauté religieuse née dans un contexte de fortes tensions confessionnelles et institutionnelles, à une époque où le mouvement du réveil peinait encore à se faire une place dans le paysage religieux gabonais.
Pour son fondateur, le révérend Francis Michel Mbadinga, ces quarante années résument avant tout « un long apprentissage, fait de patience et d’endurance ». Une formule qui traduit le cheminement laborieux d’une Église longtemps perçue comme marginale, voire suspecte, avant d’être pleinement reconnue.
Une naissance dans la tourmente du réveil spirituel
À l’origine de Béthanie, il y a l’élan du réveil spirituel qui a traversé le Gabon à la fin des années 1980, porté essentiellement par une jeunesse avide de renouveau religieux. « Nous sortions de l’Église évangélique. À l’époque, certains leaders estimaient que nous étions devenus fondamentalistes », rappelle Francis Michel Mbadinga.
Cette période est marquée par une défiance institutionnelle forte. En avril 1989, un décret présidentiel ira jusqu’à interdire les activités du mouvement, plongeant Béthanie dans une phase de clandestinité et d’épreuve. « Ce sont des années qui ont forgé notre identité », souligne le pasteur, évoquant une foi éprouvée par la répression mais renforcée par la conviction.
De la marginalité à la reconnaissance nationale
Quarante ans plus tard, le constat est sans appel : Béthanie s’est imposée comme l’épicentre du mouvement du réveil au Gabon. « Dans le Grand Libreville, on dénombre aujourd’hui plus de 4 000 églises dites de réveil », observe Francis Michel Mbadinga, qui voit dans cette prolifération les branches issues du « tronc principal » qu’est Béthanie.
Institutionnellement, le Centre d’évangélisation Béthanie est devenu la quatrième grande communauté d’obédience protestante du pays, après l’Église évangélique historique, l’Alliance chrétienne et missionnaire, et la communauté pentecôtiste. Une reconnaissance qui consacre son ancrage durable dans le gotha religieux national.
Une expansion au-delà des frontières
Le bilan dressé à l’heure de cet anniversaire est également géographique. Béthanie revendique des implantations dans les neuf provinces du Gabon, mais aussi une présence internationale avec 37 églises réparties en Afrique, en Europe et sur le continent américain. Guinée équatoriale, Mali, Togo, Congo-Brazzaville, Afrique du Sud, Cameroun, France, États-Unis ou encore Brésil figurent parmi les pays d’implantation.
Cette expansion témoigne d’une structuration progressive et d’une capacité d’adaptation à des contextes culturels et sociaux variés, loin de l’image d’un mouvement replié sur lui-même.
L’appel à un engagement social assumé
Au-delà de la célébration, le fondateur de Béthanie appelle à une inflexion stratégique. « Nous devons sortir des activités purement spirituelles pour nous consacrer davantage à la vie sociale », plaide Francis Michel Mbadinga. Éducation, santé, accès à l’eau potable, coopératives villageoises : les chantiers évoqués traduisent une volonté d’inscrire l’action religieuse dans le développement humain.
Les festivités du 40ᵉ anniversaire seront ainsi ponctuées de conférences thématiques, y compris sur des sujets contemporains comme l’intelligence artificielle. Une manière, pour Béthanie, d’affirmer que foi, modernité et responsabilité sociale peuvent désormais avancer de concert.









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