Gabon-Bénin : l’économie locale s’organise, apaisons le débat, restons frères

Depuis l’annonce du Conseil des ministres du 12 août sur les « métiers réservés » aux nationaux, les réseaux sociaux s’enflamment. Je comprends les émotions. Mais je refuse qu’un débat économique devienne une querelle entre peuples frères. La position du Gabon et l’esprit que porte le Président Brice Clotaire Oligui Nguema est de protéger l’emploi local sans briser l’hospitalité et renforcer notre cohésion tout en restant panafricains.
D’abord, remettons les choses au clair. La décision gouvernementale vise un problème réel : une partie du commerce informel échappe aux règles et fragilise l’initiative gabonaise, en particulier celle des jeunes et des femmes. Le gouvernement a donc décidé d’encadrer certains petits métiers pour les réserver aux nationaux, avec une mise en œuvre progressive, un délai d’adaptation et un accompagnement vers la formalisation. Ce n’est pas un texte « contre » une nationalité, c’est une politique publique pour mieux organiser l’économie de proximité. Le communiqué officiel le dit noir sur blanc.
Ensuite, parlons de ce qui nous unit : le vivre-ensemble. Depuis le 30 août 2023, le Président de la République place la paix, l’unité et la cohésion au cœur de la refondation du « Gabon Nouveau ». Sa ligne est claire : réconcilier d’abord les Gabonais entre eux, renforcer les liens avec les communautés amies et promouvoir, partout, la tolérance et le respect mutuel. Cette boussole ne change pas parce qu’on réforme l’informel ; au contraire, elle dicte la manière de le faire : avec ordre, dignité et sans stigmatisation.
Notre cap est aussi régional et panafricain. Le Chef de l’État l’a rappelé recemment à Malabo en juillet dernier : notre place est dans une intégration concrète — libre circulation, interconnexions, projets partagés — et dans une Union africaine plus efficace. C’était le sens de sa participation à la 7ᵉ Réunion de coordination Union Africaine/Communautés économiques régionales (UA–CER) qui s’est tenue du 10 au 12 juillet 2025 en Guinée équatoriale, où il a plaidé pour une intégration « pragmatique » et des résultats tangibles pour les peuples.
« Le thème de justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations nous interpelle collectivement. Il nous engage à reconnaître les injustices historiques ; à restaurer la dignité ; à promouvoir l’égalité ; et à réparer les fractures qui freinent notre développement. », a déclaré le Président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema lors de son discours.
Je le dis sans détour : les communautés étrangères légalement établies au Gabon sont chez elles dans le respect de la loi. Notre pays a toujours accueilli des femmes et des hommes venus d’ailleurs qui travaillent, entreprennent, éduquent leurs enfants ici et pour certains prospèrent librement. Cette politique publique ne remet pas en cause leur présence ; elle fixe un cadre pour quelques activités de petite envergure, et encourage la formalisation de tous. L’objectif est simple : plus d’emplois locaux, un commerce de proximité mieux régulé, et un climat des affaires plus sain pour chacun.
À nos frères et amis béninois, je veux redire ceci : rien dans cette réforme ne doit nous opposer. L’histoire de nos relations est faite de coopération et de respect mutuel. De l’ère Omar Bongo/Nicéphore Soglo à aujourd’hui, nos pays ont choisi la fraternité et l’amitié plutôt que la rivalité. Plus récemment, Libreville et Porto-Novo ont d’ailleurs officialisé des coopérations de ville à ville : c’est la preuve que le lien ne date pas d’hier et qu’il continue de se consolider.
D’ailleurs, le gouvernement béninois a récemmemt appelé à la retenue et à la fraternité en ligne, rappelant les « excellents rapports de coopération » entre nos États et la bienveillance dont bénéficient les ressortissants béninois au Gabon. Prenons tous cet appel au sérieux : il est responsable et utile. Ne laissons pas des posts impulsifs abîmer ce que nos peuples construisent depuis des décennies.
Alors, que faire maintenant, concrètement ?
- Baisser le ton sur les réseaux sociaux : avant de partager, vérifions l’info ; évitons les généralisations et les attaques.
- Respecter la loi et les procédures : l’État a prévu un temps d’adaptation et des appuis à la formalisation : saisissons-les.
- Parler vrai sur le terrain : dans les marchés, les mairies, les chambres consulaires, les associations. C’est là qu’on règle les difficultés pratiques, pas dans les invectives sur les réseaux sociaux.
La vision que notre pays porte est simple : un Gabon accueillant et juste, qui protège ses enfants sans fermer sa porte à ses frères et amis ; un pays souverain, mais ouvert ; un État organisé, pas brutal. Réserver certains micro-métiers aux nationaux n’efface pas notre identité d’hospitalité; cela donne au contraire une colonne vertébrale à l’économie populaire, et c’est compatible avec une intégration sous-régionale ambitieuse et un panafricanisme de résultats.
Les mots « réservés » ou « interdits » peuvent blesser. Mais ne nous trompons pas de combat : il ne s’agit pas de dresser Gabonais et Béninois face à face, encore moins Africains contre Africains. Il s’agit de mieux partager l’espace économique local, d’éviter les abus, de faire prospérer l’initiative gabonaise et de maintenir un cadre clair pour tous. La paix sociale et la sécurité de chacun — national comme étranger — y gagneront.
Ne laissons pas des posts impulsifs abîmer ce que nos peuples
construisent depuis des décennies.
En définitive, calmons le jeu. Gardons la tête froide. Le Président l’a dit et redit par ses actes en Afrique centrale : l’unité, la coopération et la paix ne sont pas des slogans. Ce sont des lignes d’action. À nous de les traduire dans nos attitudes quotidiennes, dans les marchés, à l’église, à la mosquée, et dans nos fils d’actualité. C’est ainsi que nous resterons fidèles à ce que nous sommes : un peuple de fraternité et un partenaire fiable pour le Bénin et pour toute l’Afrique.
Dr. Luck ONDIAS SOUNA
Député de la Transition | Spécialiste en Économie Numérique
Conseiller spécial du Président-Fondateur de l’UDB
en charge du Numérique et Veille stratégique
Pasteur et enseignant
Candidat UDB aux Élections Législatives 2025, Akanda 1er siège
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