Gabon : Axe Lebamba-Mbigou, premiers bourbiers, premières colères des populations

À peine les premières pluies tombées, la route en latérite reliant Lebamba à Mbigou se transforme déjà en un véritable calvaire. Entre bourbiers, véhicules immobilisés et travaux en panne, la vie des habitants du département de la Boumi-Louetsi tourne au supplice. À l’heure où la campagne pour le second tour des législatives bat son plein, cette route devient un enjeu politique majeur.
Les images se répètent et les témoignages se ressemblent. Dès Lengoye, la circulation vire au cauchemar. Plus loin, la montée de Marembo et celle du village Poto-Poto ne sont qu’une succession de glissades et de véhicules embourbés. « J’ai marché jusqu’au village Issala », raconte, amer, un riverain interrogé par Gabon Media Time. Pour beaucoup, rejoindre Mbigou relève désormais de l’épreuve.
Une « piste d’éléphant » impraticable en saison des pluies
Cette portion de route, décrite par les populations comme une « piste d’éléphant », devient impraticable dès la première pluie. La zone montagneuse, difficilement accessible, transforme chaque montée en piège mortel. Plusieurs véhicules, notamment les taxis-brousse, sont contraints de stationner des heures, voire des jours, avant de reprendre la route. Ceux qui tentent de forcer le passage finissent parfois dans les ravins.
La société Ebomaf Togo, en charge des travaux, se heurte à la dure réalité de la saison des grandes pluies. Entre bourbiers et pentes glissantes, même les engins de chantier peinent à progresser. Des véhicules doivent être tirés pour franchir les obstacles, allongeant encore les délais et amplifiant la colère des populations.
Un enjeu électoral dans la Boumi-Louetsi
Au-delà des désagréments quotidiens, cette route devient une donnée électorale. Dans le département de la Boumi-Louetsi, le second tour des législatives oppose Alain Bouka Manganda, ancien sénateur, à Cyriaque Moukoudji député sortant, transfuge du Parti démocratique gabonais (PDG) désormais rallié à l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB). Pour ces candidats, contraints de battre campagne sur le terrain, l’état de l’axe Lebamba-Mbigou risque de perturber le contact avec leurs électeurs et de replacer la question des infrastructures au centre des débats.
Le nouveau député du 2ᵉ siège de la Boumi-Louetsi interpellé
Adrien Mougougou, récemment élu député du 2ᵉ siège de la Boumi-Louetsi, est également pointé du doigt. Ses électeurs attendent de lui qu’il use de son influence gouvernementale pour exiger des solutions rapides et durables. « Nous ne demandons pas une autoroute, mais une route praticable en saison des pluies comme en saison sèche pour le moment », insistent les populations.
En attendant, Mbigou et ses villages restent difficilement accessibles, prisonniers d’un axe routier qui illustre à lui seul les carences structurelles d’un pays à revenu intermédiaire de classe supérieure. Une situation qui, à quelques jours du second tour des législatives, risque de peser lourd dans les urnes.
GMT TV