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Gabon : avec un nouvel emprunt, le financement du PUDC désormais les 215 milliards de FCFA

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Le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) au Gabon continue de susciter des débats, notamment en raison des montants colossaux mobilisés pour son financement, surtout après l’annonce d’un emprunt de 98,4 milliards de FCFA auprès de Cargill Financial Services International, Inc. Et pour cause, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) avait déjà annoncé soutenir ce projet à hauteur de 117 milliards de FCFA en avril dernier. Avec ces deux sources de financement, le PUDC devrait ainsi disposer de plus de 217 milliards de FCFA, un montant exorbitant pour un programme de développement communautaire. 

Cette stratégie de financement soulève des questions sur la méthode des autorités de la transition. En effet, alors que le Gabon est déjà confronté à une dette publique élevée (plus de 70 % du PIB, au-dessus du seuil de convergence de la CEMAC), le recours à un emprunt extérieur de 98,4 milliards de FCFA et à un financement international de 117 milliards de FCFA semble peu prudent. Ces montants s’ajoutent à une dette extérieure qui dépasse déjà les 8000 milliards de FCFA selon les données de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). 

Une telle approche risque d’alourdir encore davantage la pression sur les finances publiques, sans garantie que les retombées du PUDC justifient un tel investissement. Comparé à des programmes similaires en Afrique, le financement du PUDC apparaît disproportionné. Par exemple, au Sénégal, le Programme de Développement Communautaire (PDC) a été mis en œuvre avec un budget de 60 milliards de FCFA. Une initiative bien moins coûteuse alors que le pays de la Teranga a une population rurale bien plus importante. Le Gabon, avec un budget dépassant les 215 milliards de FCFA pour le PUDC, devra démontrer une efficacité et une transparence exceptionnelles pour justifier cet écart financier.

Des critiques sur la méthode des autorités 

Mais, les critiques portent également sur la méthode des autorités de la transition, qui semblent privilégier des solutions rapides et coûteuses plutôt qu’une approche progressive et mieux maîtrisée. En s’endettant massivement et en sollicitant des financements internationaux, le gouvernement prend le risque de compromettre la stabilité économique du pays à long terme. De plus, l’échec du Fonds d’Initiatives Départementales (FID) sous Ali Bongo, qui avait une vocation similaire mais n’a pas tenu ses promesses, rappelle que les montants investis ne garantissent pas toujours des résultats concrets. Une gestion rigoureuse et une transparence accrue sont essentielles pour éviter les détournements et les gaspillages.

Si le PUDC représente bien évidemment une opportunité pour le Gabon de réduire les inégalités et de moderniser ses infrastructures, son financement dépassant les 215 milliards de FCFA suscite des interrogations légitimes. Les autorités de la transition doivent faire preuve de prudence et de rigueur dans la gestion de ces fonds, afin d’éviter un endettement excessif et de garantir que chaque franc investi contribue réellement au développement des communautés locales. Sans une stratégie claire et une mise en œuvre transparente, le PUDC risque de devenir un autre exemple de bonne intention mal exécutée, au détriment des finances publiques et de la population gabonaise.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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