Gabon : avec 107 Milliards dédiés à la sécurité, police et gendarmerie incapables de protéger la population !
Le 23 décembre 2025, en début de soirée, l’opinion publique nationale a été saisie d’effroi à l’annonce de l’issue tragique de la disparition du jeune Cameron, âgé de 13 ans, recherché sans relâche par sa famille depuis le 18 décembre. Ce drame, au-delà de l’émotion légitime qu’il suscite, pose avec acuité la question de la responsabilité première de l’État, celle d’assurer la protection des personnes et des biens, en particulier celle des populations vulnérables. Après la stupeur et la colère, le débat s’est naturellement déplacé vers le rôle et l’efficacité des forces de sécurité intérieure. Police et gendarmerie, censées être le rempart contre l’insécurité, apparaissent aujourd’hui défaillantes face à une criminalité qui progresse et à des drames humains qui se répètent.
Cette défaillance interroge d’autant plus que les moyens financiers alloués à la sécurité n’ont cessé de croître. En 2025, la mission sécurité a bénéficié de plus de 107 milliards de FCFA, répartis entre la Police nationale et la Gendarmerie nationale. En 2026, ce budget atteindra 110 milliards de FCFA. À cela s’ajoute une loi de programmation militaire votée en 2025, prévoyant plus de 2 000 milliards de FCFA d’investissements sur cinq ans pour les forces de Défense et de Sécurité. Des montants colossaux, issus de l’impôt des gabonais, qui contrastent brutalement avec la réalité vécue par les citoyens. L’affaire Cameron met ainsi en lumière un fossé entre les ressources consacrées aux salaires, à l’équipement, au logement et à l’entretien des troupes, et l’efficacité réelle sur le terrain.
Une présence sécuritaire annoncée, mais toujours invisible
En avril 2024, lors d’une cérémonie officielle de remise de moyens roulants, le chef de l’État avait pourtant annoncé le déploiement imminent de patrouilles pédestres et motorisées dans les quartiers, notamment les plus sensibles. Plus d’un an plus tard, cette promesse reste largement lettre morte. Les uniformes se font rares, voire invisibles, dans de nombreux quartiers urbains et périurbains. Les populations continuent de vivre dans un sentiment d’abandon, livrées à elles-mêmes face aux agressions, aux enlèvements et aux violences diverses. La police de proximité, pourtant présentée comme un outil central de prévention et de dissuasion, tarde toujours à voir le jour, renforçant l’impression d’un État absent au quotidien.
Au-delà de la présence physique des forces de l’ordre, c’est toute la doctrine de sécurité publique qui semble illisible. Existe-t-il des mécanismes d’urgence efficaces en cas de disparition d’enfants, à l’image des dispositifs d’alerte enlèvement en vigueur dans d’autres pays ? Quelles procédures sont réellement déclenchées dans les premières heures, souvent décisives, d’une crise ? Le sentiment dominant est celui d’un pilotage à vue, marqué par des réactions tardives et désorganisées plutôt que par l’anticipation. La question demeure cruelle, Cameron, comme d’autres enfants avant lui, aurait-il pu être sauvé si des dispositifs adaptés avaient été activés à temps ? À cette interrogation, le gouvernement, et en premier lieu le ministre de l’Intérieur, est désormais tenu d’apporter des réponses claires. Faute de quoi, le fossé entre l’État et les administrés continuera de se creuser, au risque d’installer une crise de confiance profonde.








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