Gabon : après du procès Sylvia et Nourredine, la morale de l’histoire !
Il y a des histoires qui ressemblent à des paraboles républicaines. Celle de Sylvia Bongo et de son fils Nourredine en est une, sauf qu’ici, la morale se paie en milliards et la leçon en années de prison. C’est l’histoire d’une mère, ancienne Première Dame, et de son fils, ancien CGAP, qui ont transformé l’État en entreprise familiale, et le Trésor public en compte d’épargne privé. Pendant que l’ex-Président Ali Bongo Ondimba traversait sa convalescence, d’autres se portaient très bien — peut-être même un peu trop.
Le 30 août 2023, le pays s’est réveillé d’un long coma institutionnel. Le « coup de libération » a arraché le vernis de respectabilité pour révéler une mécanique de prédation qu’on aurait pu croire tirée d’un roman noir… si elle n’avait pas été financée par les impôts d’une nation entière.
Deux ans plus tard, les membres influents de la Young Team défilent devant les magistrats, et tout un peuple écoute, mi-sidéré, mi-las, des récits qui ressemblent plus à des tutoriels de pillage qu’à des explications de gestion publique. Le procès, ample et public, n’a pas seulement mis en lumière des fautes : il a radiographié une caste persuadée que la République était un héritage transmissible de parent à enfant.
Soyons honnêtes : la prédation n’a pas commencé en 2020, elle change seulement de visages depuis 2009. Clans nouveaux, réflexes anciens. Les nouveaux venus dénoncent les excès des prédécesseurs le matin… puis s’y essaient parfois l’après-midi. Comme quoi, la tentation du fruit défendu n’est pas qu’un sujet biblique.
Cette fois, pourtant, une surprise : la main de la justice n’a pas tremblé. Elle a même tapé du poing. Les condamnations sont lourdes, fermes, presque pédagogiques. Une justice longtemps utilisée comme arme politique semble redécouvrir son métier : rendre justice. Voilà une révolution silencieuse qui vaut, à elle seule, toutes les promesses électorales.
Mais la morale de l’histoire est ailleurs : condamner quelques acteurs ne dissoudra pas le système. Tant que le clientélisme servira de carburant politique, le pillage restera un sport national. La vraie bataille s’appelle méritocratie. L’élitisme. Le sérieux. Même — osons le dire — au sein des réseaux. Le Gabon mérite enfin un État où l’on ne confond plus pouvoir avec propriété, ni service public avec service rendu aux amis.
Cédric Arnaud MOUELET, Communicant.








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