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Gabon : Annie Léa Meye dénonce le kounablelisme pro max de l’UDB

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Alors que la Vᵉ République se voulait rupture et rigueur, les vieilles pratiques de courtisanerie semblent plus vivantes que jamais. Entre activistes promus en troubadours de la République, militants caméléons et homélies politiques dignes des plus grandes chorales, la dignité nationale se danse désormais au rythme des allégeances.

Sous un bel arbre à Matamatsengué, Annie-Léa Meye m’Obam, alias Ma Lé, dresse un constat amer : « L’aliénation, c’est quelque chose dans ce pays. Nooon ! Je n’en crois pas mes yeux ni mes oreilles ». De quoi rappeler que la politique gabonaise a souvent plus à voir avec la comédie musicale qu’avec la gestion des affaires publiques.

De “kounablelisme pro max” aux tortues ninja politiques

Hier encore, certains s’étranglaient sur les plateaux TV pour dénoncer le « kounablelisme pro max » des pdgistes mutants. Aujourd’hui, les mêmes font des roulades dignes d’un championnat olympique de gymnastique politique. « Voilà les démétane, ekarakounda et tortues ninja déguisées en moukoukoué », raille l’ancienne conseiller économique et social, qui les imagine torche indigène en main, dansant comme des sauterelles au bal du Prince.

La formule n’est pas exagérée : il suffit de tendre l’oreille pour entendre les nouvelles homélies politiques. Après le fameux slogan « Après Bongo c’est Dieu », certains murmurent déjà, avec ferveur, « Après Oligui c’est Dieu ». De quoi laisser croire que la République a remplacé le suffrage universel par une succession divine.

Des activistes sponsorisés au culte du Prince

Caricature ou réalité ? Des activistes zélés sillonnent la capitale dans des véhicules offerts par « le Prince », transformant les réseaux sociaux en tribunes où ils insultent plus volontiers l’intelligence collective qu’ils ne défendent les politiques publiques. « On se demande finalement, quel est ce double emploi des finances publiques lorsque nous savons que les politiques sont censées régler pauvreté et logement », s’interroge Annie Lea Meye.

Le contraste est frappant : d’un côté, les classes précaires qui survivent ; de l’autre, une nouvelle “young team” qui parade avec arrogance, multipliant allégeances et exclusions. Une logique de clan qui, loin d’unir, fracture et nourrit l’idée que sans parrain, aucun rêve n’est possible.

Rigueur attendue, dignité perdue ?

« Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, a-t-il besoin de tout cela ? » La question sonne comme une gifle ironique. Car après les dérives qui ont justifié les événements du 30 août 2023, beaucoup espéraient que la Vᵉ République bannirait les attitudes “bling bling, m’as-tu-vu” qui défient les plus pauvres. Mais, à écouter Annie Lea Meye, le rêve semble déjà confisqué.

Pour Ma Lé, rester debout est un acte de dignité. « Il n’y a aucune offense à vouloir rester digne. Seuls les parvenus trouvent offensant l’attitude des hommes dignes » martele-t-elle. Une leçon qui sonne comme un rappel : la République ne devrait pas se résumer à flatter les Princes, mais à rendre aux Gabonais la fierté de se regarder dans le miroir sans honte ni compromission.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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