Gabon : 31 nouveaux groupes électrogènes pour 18 localités, mais les délestages vont-ils vraiment cesser ?

Alors que 31 groupes électrogènes de marque Caterpillar ont été réceptionnés à Libreville pour renforcer l’alimentation électrique dans 18 localités de l’intérieur du pays, la question de l’efficacité durable de cette initiative demeure entière. Les populations, longtemps privées d’un service stable, attendent désormais des actes concrets, au-delà des annonces.
Dans un pays où l’accès à l’électricité demeure profondément inégalitaire, notamment entre les zones urbaines et l’hinterland, l’arrivée ce 2 août 2025 d’un important lot d’équipements électriques marque une nouvelle étape du plan d’urgence énergétique du gouvernement. Ce matériel, composé de 31 groupes électrogènes neufs de marque Caterpillar, de transformateurs de puissance et d’équipements de protection, est destiné à 18 localités, dont Tchibanga, Makokou, Mouila, Oyem ou encore Booué, confrontées à des coupures fréquentes et prolongées.
Un projet vitrine pour la politique présidentielle d’équité énergétique
Pilotée par le ministère de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie (MAUEE), cette opération s’inscrit dans la vision portée par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, d’un rééquilibrage des services publics au profit des zones longtemps marginalisées. « Ce projet, réalisé en moins de 100 jours, répond à l’engagement présidentiel de doter toutes les localités d’un accès fiable à l’énergie », a souligné une source gouvernementale.
La ville de Tchibanga, chef-lieu de la province de la Nyanga, figure en tête des priorités, notamment à l’approche des commémorations du 30 août, marquant l’an I de la Transition. Deux groupes y seront installés en urgence pour garantir un approvisionnement continu en électricité. La réception officielle du matériel est prévue pour le 6 août 2025, lors d’une cérémonie solennelle organisée par le MAUEE.
Des précédents qui appellent à la prudence
Cependant, cette livraison intervient dans un contexte de scepticisme généralisé. En mars 2024 déjà, un lot similaire de groupes électrogènes avait été acquis en réponse à la crise énergétique ayant plongé l’intérieur du pays dans le noir pendant plusieurs semaines. En mai suivant, le groupe Arise avait injecté plus de 3 milliards de FCFA pour soutenir la production électrique. Malgré cela, les délestages avaient persisté, alimentant frustration et colère au sein des populations.
« Ce n’est pas la première fois qu’on nous promet la fin des délestages. On attend de voir si cette fois, ce sera vraiment effectif », a réagi un habitant de Mouila, habitué aux coupures nocturnes.
Une équation logistique et structurelle encore à résoudre
Pour de nombreux observateurs, ces équipements ne seront efficaces qu’à condition d’être accompagnés d’une stratégie de maintenance rigoureuse, d’un accès sécurisé au carburant et d’un dispositif de gestion technique décentralisé. Faute de quoi, les nouveaux groupes pourraient eux aussi tomber en panne, faute d’entretien ou de supervision efficace.
En somme, si l’initiative marque un pas important, elle ne pourra être jugée à l’aune de son impact réel sur la vie quotidienne des Gabonais de l’intérieur. Comme l’a rappelé un technicien du secteur énergétique : « Ce n’est pas seulement une question d’acheter du matériel. Il faut aussi investir dans les hommes, les réseaux, la gestion et le suivi pour que cela tienne dans le temps ».
La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devra démontrer que cette nouvelle offensive logistique est autre chose qu’une opération de communication à court terme.
GMT TV