Gabon : 27 milliards de FCFA engloutis en eau et électricité
Alors que l’État a dépensé près de 27 milliards de francs CFA en eau et électricité en 2024, la Direction générale du budget (DGB) durcit le ton et intensifie sa campagne nationale de sensibilisation, rapporte Gabonreview. Objectif : responsabiliser les agents publics pour réduire une facture énergétique devenue insoutenable pour les finances publiques.
Le 14 novembre 2025, le Service d’optimisation des dépenses (SOD) était au ministère de l’Habitat pour une nouvelle étape de sa campagne de sensibilisation. Une démarche désormais stratégique pour la DGB, qui cherche à contenir des charges publiques qui, à elles seules, représentent l’équivalent du budget annuel de plusieurs ministères sociaux.
Avec 27 milliards de FCFA dépensés en 2024 pour la seule consommation d’eau et d’électricité, la situation n’est plus tenable. Pertes, gaspillages, climatiseurs allumés la nuit, robinets laissés ouverts, absence de maintenance régulière : le diagnostic est connu, mais jamais traité avec autant d’urgence.
« Nous sommes venus rappeler des gestes simples mais essentiels : éteindre les lumières et climatiseurs en sortant, fermer les robinets, signaler les fuites », explique Jacques Ulrich Mve Engo, agent du SOD. Des consignes basiques, longtemps ignorées, mais dont l’impact financier est colossal lorsqu’elles sont cumulées dans plus de 800 administrations publiques.
Une stratégie en cascade : responsabiliser, contrôler et réduire
La méthode du SOD est claire : commencer par les Directeurs des affaires financières (DAF), relais naturels de la rigueur budgétaire, puis exiger un suivi opérationnel des secrétaires généraux, premiers responsables des bâtiments publics.
« Les secrétaires généraux sont les garants du bon fonctionnement administratif. Ils doivent porter ce message jusqu’au dernier bureau », insiste l’agent du SOD.
Dans les administrations rencontrées, l’accueil est favorable. « Une dépense de 27 milliards, c’est énorme. Nous devons tous être vigilants », reconnaît Edwige Reteno Wentchandi, DAF du ministère de l’Habitat, qui promet d’engager immédiatement réunions internes, briefings hiérarchiques et descentes dans les services pour un porte-à-porte pédagogique.
Au-delà des conseils, le SOD dispose également d’un rôle structurel : encadrer les abonnements, surveiller les facturations, anticiper les dérives, piloter les mesures sociales en faveur des Gabonais économiquement faibles (GEF), et proposer des stratégies de réduction durable des charges publiques. Un travail de fond qui vise, à terme, à instaurer une véritable discipline énergétique au sein de l’État.
Un défi national : « L’État, c’est nous »
Déjà plusieurs ministères ont accueilli les équipes du SOD : Tourisme, Jeunesse et Sports, Industrie, Culture, Habitat, et d’autres suivront dans les semaines à venir.
Partout, le même message est martelé : chaque geste compte, chaque fuite coûte, chaque climatisation oubliée pèse lourdement sur le budget national. « La petite fuite au robinet, c’est un franc de plus sur la facture de l’État. Et l’État, c’est nous », rappelle avec insistance Derrys Mba Obiang, du SOD.
Dans un contexte où le gouvernement promet une gestion rigoureuse des finances publiques et une réduction des dépenses non essentielles, cette campagne se présente comme un test : celui de la capacité de l’administration à se réformer elle-même.
Car économiser l’argent public n’est pas seulement une question technique.
C’est une question de culture administrative, de citoyenneté et, finalement, de responsabilité collective.








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