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Gabon : 2,2 milliards de baux loués par l’Etat mais inoccupés, qui sont les bailleurs ?

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Dans un contexte marqué par une forte tension budgétaire, la question de la gestion du patrimoine immobilier public refait surface avec une acuité particulière. Alors que l’État poursuit ses dépenses colossales en loyers pour des bâtiments administratifs, un audit présenté en Conseil des ministres du 4 décembre a mis au jour un système organisé au détriment du contribuable. Le rapport dévoile un ensemble d’abus graves, révélateurs de dysfonctionnements profonds et d’une absence persistante de contrôle dans la chaîne décisionnelle.

L’audit apporte des données chiffrées qui donnent la mesure du scandale. 24 baux portant sur des bâtiments vétustes, totalement inoccupés, représentent une dépense de 2,2 milliards de FCFA par an. À cela s’ajoute un préjudice fiscal estimé à 3 milliards de FCFA, issu de propriétaires qui, pour certains, se seraient soustraits à leurs obligations sans que les services compétents ne réagissent. Ce constat soulève une problématique centrale, celle de la responsabilité et de l’obligation de sanctionner. Si le chef de l’État promet la fermeté à l’encontre des détourneurs de fonds publics, l’opinion attend désormais des actes concrets et visibles.

Des questionnements qui exigent des réponses crédibles

Qui sont les propriétaires de ces immeubles insalubres, payés à prix d’or et laissés à l’abandon ? Qui, au sein de l’administration, a validé pendant des années le décaissement de plus de deux milliards de FCFA pour financer le vide ? Comment des contribuables ont-ils pu se soustraire à leurs obligations fiscales sans déclencher d’alerte ? Ces questions ne peuvent plus rester sans réponse dans un pays où chaque franc compte pour financer des services publics essentiels.

Face à l’accumulation des scandales financiers, le gouvernement ne peut plus se réfugier derrière des déclarations de principe. Depuis l’affaire de la Young-Team et la révélation de montants indécents subtilisés à la collectivité, les gabonais, confrontés au manque d’eau potable, d’électricité, de routes praticables et frappés par le chômage, exigent la fin du culte de l’impunité. La lutte contre la délinquance en col blanc doit enfin devenir une réalité, faute de quoi les promesses de rupture resteront lettre morte.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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