Gabon : 2026, l’année de vérité, le discours d’Oligui Nguema comme feuille de route présidentielle
À travers son discours de vœux à la Nation prononcé le 31 décembre 2025 à Koulamoutou, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a esquissé bien plus qu’un message traditionnel de fin d’année. Entre bilan de la Transition, avertissements politiques et annonces structurantes, le Chef de l’État a posé les jalons d’une année 2026 présentée comme décisive pour la Cinquième République.
Un discours de rupture après la Transition. Dans une allocution dense et résolument politique, Brice Clotaire Oligui Nguema a acté la fin d’un cycle. Celui de la Transition, marquée par le rétablissement de l’ordre constitutionnel et l’avènement de la Cinquième République, est désormais clos. Le Chef de l’État a salué la maturité civique des Gabonais, qui ont permis, du référendum constitutionnel aux élections sénatoriales, la recomposition complète des institutions.
Ce rappel chronologique n’est pas anodin. Il vise à asseoir la légitimité du nouveau pouvoir issu des urnes, tout en soulignant que 2026 n’est plus une année de mise en place, mais celle de l’épreuve de vérité. « La Transition qui s’achève a permis de lancer de nombreux projets structurants », a-t-il affirmé, avant de rappeler que l’heure est désormais à la consolidation et aux résultats.
Réformes électorales et avertissement à la classe politique
Fait notable, le Président n’a pas éludé les insuffisances du processus électoral. Fichier électoral, transhumance politique, abus des procurations, abstention : les failles sont clairement identifiées. En filigrane, l’annonce d’une réforme de la loi électorale apparaît comme un chantier prioritaire du prochain cycle institutionnel.
Mais le ton se durcit lorsqu’il s’adresse à certains acteurs politiques et sociaux. Brice Clotaire Oligui Nguema dénonce des « postures extrêmes », une ardeur électorale déconnectée des enjeux de développement, et des comportements indignes de l’idéal républicain. Le message est sans ambiguïté : la Cinquième République ne saurait être un simple changement de façade, mais exige probité, exemplarité et sens de l’État.
Souveraineté économique et rigueur budgétaire assumées
Sur le plan économique, le discours se veut à la fois pédagogique et offensif. Le Président rappelle le poids d’une dette héritée, avec plus de 3 142 milliards de FCFA déjà consacrés à son remboursement depuis août 2023. Malgré ces contraintes, l’exécutif revendique un choix clair : maintenir l’investissement public tout en renforçant la souveraineté économique.
Les rachats stratégiques (Assala Energy, SMPA, Tullow Oil, SNBG), la décision de transformer localement le manganèse, ou encore l’ouverture de mines industrielles, sont présentés comme les piliers d’un nouveau modèle. À cela s’ajoutent des mesures fiscales impopulaires mais assumées – taxe forfaitaire d’habitation, péages, parkings payants, réforme des jeux de hasard – au nom de l’orthodoxie budgétaire et de la transparence.
Justice, ordre républicain et fin de l’impunité
L’un des passages les plus marquants reste celui consacré à la justice. En évoquant le procès de la famille Bongo et de son entourage, le Chef de l’État parle d’une « étape historique » et annonce clairement que d’autres procédures suivront. Plus encore, il appelle à la restitution des biens indûment acquis au peuple gabonais et à l’adoption de lois plus sévères contre la corruption, les violences et les atteintes aux mœurs.
Ce discours s’inscrit dans une volonté affichée de réhabiliter l’ordre républicain, la dignité et le respect mutuel, érigés en fondements de la Cinquième République.
2026, l’année du passage à l’épreuve des faits
En filigrane, le message est clair : 2026 sera l’année de tous les arbitrages. Sécurité, justice pénale, souveraineté économique, décentralisation, emploi des jeunes, accès à l’eau et à l’énergie… Les priorités sont listées, les orientations tracées. Reste désormais à transformer cette feuille de route présidentielle en résultats tangibles.
En plaçant la jeunesse au cœur de son propos et en appelant à une mobilisation collective autour du « Rêve gabonais », Brice Clotaire Oligui Nguema engage sa responsabilité politique. Après le temps de la Transition et celui de la refondation institutionnelle, l’année 2026 s’annonce comme celle du jugement de l’action. Une année de vérité.








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