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Gab Pêche : contrats léonins, recettes volatilisées, les coopératives de pêche artisanale donnent leur vérité

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Dans un climat de confusion alimenté par des accusations croisées et des rumeurs persistantes, les coopératives bénéficiaires du projet Gab Pêche ont tenu à briser le silence. Réunies en point de presse ce mardi 7 octobre au Capal d’Oloumi à Libreville, sous la houlette de Marcel Edou Ndong, président de la coopérative des pêcheurs de Bambouchine (COPEB), et de Yents Kumbe, président de la Coopération Équatoriale des Pêcheurs du Gabon, elles ont livré une version des faits qui se veut « claire, documentée et vérifiable ».

« Nous sommes ici pour rétablir la vérité », a d’entrée lancé Marcel Edou Ndong, en réponse à ce qu’il qualifie de « déclarations mensongères » de certaines personnes revendiquant « à tort » la paternité du projet Gab Pêche. Autour de lui, dix coopératives, dont FEUK SOLE, ATONDI Pêche, COOPAL ou encore CPMK, ont tenu à afficher leur unité.

Un espoir miné par des dérives

Selon ces derniers, le projet Gab Pêche, lancé officiellement le 11 août 2025 par la ministre de la Mer et de la Pêche, Laurence Ndong, devait être un modèle d’insertion pour les pêcheurs gabonais jusque-là marginalisés. « L’esprit du projet, c’était de rendre la mer aux gabonais », a rappelé Yents Kumbe, évoquant « une volonté présidentielle d ‘autonomiser un secteur longtemps livré à la débrouille et à la dépendance étrangère ». Mais très vite, l’enthousiasme initial aurait tourné à la désillusion. 

Les deux responsables pointent du doigt la gestion du directeur général de Gab Pêche, Hermann Omanda, qu’ils accusent de « léthargie », de « racket » et de « trafic d’influence » avec la complicité de Gabin Mapaga, présenté comme « un conseiller du président de la République abusant de son statut ».

« Nos pirogues étaient prêtes à partir. Mais tout a été bloqué pendant quatre semaines. On nous demandait de l’argent pour des raisons floues. Les pêcheurs ont payé, par peur de voir le projet s’effondrer », confie Edou Ndong.

2,8 millions de FCFA de recettes volatilisées

Une situation jugée intenable par les coopératives, qui affirment avoir dû saisir directement le ministère. Selon leurs dires, ce n’est qu’après l’intervention du directeur de cabinet du ministre, Serge Abessolo Mba, que les fonds nécessaires, près de 6 millions de FCFA, ont été débloqués, permettant une première sortie en mer du 5 au 9 septembre 2025. Résultat : 2,2 tonnes de poisson pêché. Mais à leur retour, un nouveau scandale éclate : « Nous apprenons que nos 2,2 tonnes sont devenues 1,6 tonne, et que 60 % des recettes avaient disparu. À ce jour, personne ne sait où est passé l’argent », dénonce Yents Kumbe, évoquant une perte estimée à près de 2,8 millions de FCFA. Les coopératives annoncent d’ailleurs leur intention de porter plainte pour détournement de fonds contre l’ancien directeur général.

Le collectif dénonce également un « contrat léonin » imposé aux pêcheurs : 600 000 FCFA de remboursement mensuel par pirogue, sur 18 mois, prélevés directement sur les 40 % de recettes reversées aux pêcheurs.

« Nous risquons nos vies en mer pendant que d’autres se versent 16,5 millions de FCFA de salaires », fulmine Edou Ndong, évoquant « un système esclavagiste maquillé en développement économique ».

Soutien affiché au gouvernement

Les coopératives saluent la décision de Mme Laurence Ndong de suspendre Hermann Omanda et d’installer un directeur général intérimaire. « C’est un acte de courage et de salubrité publique », estime Yents Kumbe, ajoutant que « le nouveau management est plus inclusif et à l’écoute des pêcheurs ».

Le collectif dit soutenir « sans réserve » la nouvelle orientation donnée au projet Gab Pêche et réaffirme son adhésion à la vision du président Oligui Nguema, qui a promis la distribution de 700 pirogues aux pêcheurs gabonais. « Nous ne laisserons personne voler un projet financé par le peuple gabonais », insiste Edou Ndong.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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