Franceville: 3 présumés auteurs de crimes rituels libérés après 3 ans de détention préventive faute de preuve
Il aura fallu 3 années de détention préventive pour que Gilbert T., Gildas A. et Henri O soient enfin présentés à la barre pour répondre des accusations portées à leur encontre. Les individus qui étaient accusés d’être des auteurs d’un crime dit « rituel » commis sur la personne de Rigobert Kaloulou en 2019 à Léconi, ont récemment vu la chambre pénale de la Cour de cassation de Libreville prononcer leur libération d’office faute de preuve, rapporte le site Gabon Review.
C’est une énième détention préventive abusive qu’ont dû subir trois compatriotes qui étaient accusés d’être à l’origine de la disparition à Léconi de Rigobert Kaloulou le 5 juillet 2019. Ce jour-là, le corps sans vie de la victime, un instituteur, aurait été retrouvé. L’enquête diligentée par les services judiciaires aurait permis l’arrestation de 5 individus et 2 seront par la suite relâchés, une fois leur alibi vérifié.
La juridiction présidée par Me Auguste Allela avait été saisie le 3 février 2021 par les avocats des trois accusés. Ceux-ci avaient alors invoqué une violation des dispositions de l’article 134 du Code de procédure pénale relatif à la durée de la détention préventive qui ne peut excéder 24 mois. Mais surtout, les avocats ont relevé un défaut et une insuffisance de motifs justifiant la détention de leurs clients. D’autant plus qu’aucune preuve n’avait été apportée par l’accusation pour montrer l’implication des trois accusés dans la disparition de Rigobert Kaloulou.
Des faits pour lesquels la chambre pénale de la Cour de cassation de Libreville a prononcé leur libération d’office. « L’instruction a un caractère d’inachevé sur plusieurs points. Les investigations ont été faites aussi bien sur les éléments relevés par les gendarmes de Lekoni que sur les personnes suspectées et auprès du CIRMF [et] il n’existe aucune preuve contre les inculpés ou d’indices susceptibles de les maintenir dans les liens de la prévention ». Par ailleurs, deux des accusés sont décédés, dont un en prison, en la personne de M. Mbatigoula, pour lequel une ordonnance d’extinction de l’action publique avait été rendue.
Au-delà de ce dénouement, il y a une fois de plus, et de trop, le problème de la détention préventive qui excède très souvent la peine prévue pour le délit commis. Une situation due à l’anomalie administrative qui règne au sein de l’appareil judiciaire. Les seules victimes étant les détenus. Des années perdues et une réputation entachée que même les plus fortes sommes d’argent ne pourront rétablir.