France : Sébastien Lecornu nouveau Premier ministre

En moins de 24 heures, le président de la République Emmanuel Macron a tranché. Sébastien Lecornu devient le nouveau Premier ministre, succédant à François Bayrou, qui a remis sa démission à l’Élysée lors d’un long entretien. Cette nomination intervient dans un contexte de crise politique et institutionnelle sans précédent sous la Cinquième République, alors que le pays reste sans budget voté, faute de majorité claire à l’Assemblée nationale. Âgé de 39 ans, Lecornu, jusqu’alors ministre des Armées, est un proche du chef de l’État et l’un des piliers de la macronie depuis plusieurs années.

Après le départ de François Bayrou, de nombreuses rumeurs ont circulé, mais c’est bien le nom de Sébastien Lecornu qui s’est rapidement imposé dans les médias. Son profil, à la fois technocratique et politique, traduit la volonté d’Emmanuel Macron de maintenir une gouvernance centriste malgré les critiques et les appels au changement venus de plusieurs bords politiques. Ce choix, s’il assure une forme de continuité, ne règle en rien la difficulté majeure du moment : la recherche d’une majorité stable pour faire voter les textes essentiels, à commencer par le budget.

Une nomination qui ravive les tensions politiques

Dès son entrée en fonction, le nouveau Premier ministre est chargé d’une mission délicate, bâtir des accords politiques transpartisans pour stabiliser l’exécutif. Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de « trouver une entente » entre les forces politiques. Mais cette main tendue est diversement perçue. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a salué le choix d’un Premier ministre non issu de la gauche, tandis que d’autres voix s’élèvent pour dénoncer une forme de confiscation du pouvoir.

La gauche, en particulier, crie à l’injustice. Le Parti socialiste s’était dit prêt à prendre ses responsabilités à Matignon, fort de sa progression lors des législatives anticipées de 2024. De son côté, La France insoumise, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, agite la menace d’une motion de censure contre le président de la République. Pour ces formations, la légitimité populaire penche en leur faveur, et la décision de Macron de maintenir un cap centriste est perçue comme un déni démocratique. Reste à voir si Sébastien Lecornu saura surmonter ces fractures pour restaurer une forme de gouvernabilité, dans un moment politique où l’extrême droite se hisse en faiseur de rois.