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France–Gabon : Nicaise Moulombi appelle à une réévaluation « urgente » des accords coloniaux

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Dans une note au vitriol publiée dans L’Union ce vendredi 21 novembre 2025, le 2e vice-président du Cesec, Nicaise Moulombi, exhorte la France à revoir en profondeur les fondements de son partenariat avec le Gabon. Plaidant pour une « justice historique » et un développement réellement partagé, l’acteur de la société civile estime que la visite du président Emmanuel Macron doit marquer un tournant décisif.

Dans son texte, Nicaise Moulombi rappelle que les accords hérités de la période coloniale ont laissé des traces profondes sur les plans économique, politique et culturel. Il souligne que ces instruments ont longtemps favorisé l’extraction unilatérale des richesses et maintenu les pays africains dans une dépendance structurelle, freinant la diversification de leurs économies.

Vers une nouvelle ère sous la Ve République gabonaise

Sur le plan politique, l’ancien président de Croissance Saine Environnement estime que ces accords ont parfois limité la souveraineté réelle des États, en installant des modèles institutionnels façonnés pour servir avant tout les intérêts français. Quant au volet culturel, il rappelle que l’héritage colonial reste manifeste dans la langue, l’école ou encore la représentation des valeurs sociales.

Pour Nicaise Moulombi, l’arrivée au pouvoir du président Brice Clotaire Oligui Nguema ouvre une fenêtre historique : celle d’une refondation profonde des relations franco-gabonaises. Il appelle la France à « s’engager sincèrement » dans ce mouvement, pour bâtir un partenariat enfin équilibré et orienté vers la prospérité mutuelle.

Dans cette perspective, il estime indispensable que Paris réévalue les clauses encore en vigueur qui entravent la pleine autonomie du Gabon, et qu’elle s’aligne sur les aspirations d’une population en quête d’un développement souverain.

Restitutions, justice et développement : les exigences posées à Paris

Parmi les gestes attendus de la France, l’auteur cite explicitement la restitution des biens mal acquis, qu’il s’agisse de patrimoines acquis illicitement par certains acteurs gabonais ou par des structures françaises ayant profité de la faiblesse institutionnelle des décennies précédentes.

Pour lui, ces ressources doivent être réinvesties dans des secteurs clés, notamment la construction d’hôpitaux, des écoles et universités, l’accès à l’eau potable, le déploiement de l’énergie solaire et le financement des bourses d’études.

Autant de domaines capables, affirme-t-il, de transformer le quotidien des Gabonais et de rétablir la confiance entre les deux nations.

Pollutions industrielles et transparence sur les crédits carbone

Nicaise Moulombi évoque également des contentieux environnementaux majeurs. Il cite notamment les séquelles de la pollution radioactive liée aux activités de l’ex-Comuf/Eramet, ainsi que les dégradations environnementales imputées au groupe pétrolier Perenco.

Il appelle aussi à une clarification urgente sur les prises de participation de groupes français, TotalEnergies et CBG, dans les concessions forestières mobilisées pour les crédits carbone, dénonçant « une opacité inacceptable » au détriment des populations locales.

Vers un partenariat fondé sur le respect et la transparence ?

Pour le 2e vice-président du Cesec, la visite d’Emmanuel Macron doit être l’occasion pour Paris de démontrer par des actes, et non plus des déclarations, sa volonté d’établir une relation renouvelée, débarrassée des asymétries héritées du passé.

« La France doit montrer qu’elle peut être un partenaire respectueux, capable d’accompagner l’autonomie et la prospérité du Gabon », insiste Nicaise Moulombi, qui voit dans ce moment politique une chance de bâtir un partenariat moderne, équitable et fondé sur des valeurs humaines partagées.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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