Fegahand : invalidation de la candidature de Nicole Asselé, le sport victime des amalgames politiques ?

Après sa candidature à la présidence de la Fédération gabonaise de handball (Fegahand), Nicole Asselé a vu son dossier rejeté par la commission électorale. Une décision qu’elle qualifie de politique, dénonçant une « injustice » fondée sur des soupçons d’opposition au régime en place. Cette affaire illustre une dérive préoccupante : l’instrumentalisation politique des structures associatives, et la persistance d’une pratique discriminatoire déjà observée sous Ali Bongo Ondimba.
Ancienne présidente de la Fegahand, Nicole Asselé n’a pas tardé à réagir, après avoir été écartée de la course à la tête de l’instance sportive. Dans une déclaration publique, elle s’interroge sur les motivations réelles de cette exclusion : « Oui, je suis la sœur du président déchu. Et alors ? Je suis toujours une Gabonaise. Donc je n’ai plus le droit de faire du sport parce que j’étais la sœur du président déchu ? Soyons sérieux. » Loin de se laisser abattre, l’ancienne responsable sportive rejette tout positionnement politique. « Je ne suis dans aucun parti. Je ne suis pas opposante », a-t-elle martelé.
Des propos fermes qui tranchent avec le climat d’opacité ayant entouré la décision de la commission électorale de la Fegahand. Pour Nicole Asselé, l’argumentaire juridique invoqué — notamment l’absence présumée de certaines pièces ou des doutes sur son statut administratif — masque en réalité un tri politique fondé sur son nom de famille et sur des rumeurs persistantes quant à une prétendue proximité avec les forces de l’opposition.
L’ombre d’un système toujours actif
Cette exclusion pose une question plus large : celle du maintien d’un système de gouvernance marqué par la suspicion politique, y compris dans le domaine sportif. Sous Ali Bongo Ondimba, plusieurs acteurs publics et responsables associatifs avaient vu leurs carrières entravées en raison d’un supposé manque de loyauté politique. Or, depuis le coup d’État du 30 août 2023, la rupture promise semble, dans certains cas, n’être que de façade.
« Quand vous avez des arguments, on se retrouve sur le terrain, on expose nos projets et on choisit. Mais on ne passe pas par derrière pour faire annuler les candidatures », déplore Nicole Asselé, qui rappelle que dans l’histoire du handball gabonais, des personnalités issues de l’opposition ont déjà occupé des fonctions fédérales sans obstruction. Elle cite notamment Mangaga Moussavou, ancien président de fédération connu pour son engagement politique, mais avec lequel elle avait collaboré sans entrave.
Un appel à la décence républicaine
Au-delà de sa situation personnelle, Nicole Asselé soulève une problématique récurrente dans la vie associative gabonaise : l’absence d’autonomie réelle et la politisation excessive des instances. Elle appelle donc à ce que les fédérations sportives redeviennent des espaces de compétition, de mérite et d’équité. « Nous sommes d’abord des Gabonais passionnés par une discipline. Et ce que nous voulons, c’est encadrer les jeunes », insiste-t-elle.
Alors que la transition politique entamée en 2023 devait marquer une rupture avec les pratiques anciennes, cette affaire résonne comme un signal inquiétant. À défaut d’un traitement équitable de tous les citoyens, y compris ceux associés de près ou de loin à l’ancien régime, la promesse de renouveau démocratique risque de perdre sa crédibilité.
La principale intéressée annonce déjà son intention de saisir les juridictions compétentes. « Je vais me battre. Parce que la loi reste la loi. Et je sais que j’ai raison », conclut-elle. Une démarche qui pourrait bien devenir, au-delà de sa personne, le symbole d’une exigence de justice pour tous.
GMT TV