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Expropriations à Plaine Orety : le député de la Transition Ella Engonga demande une enquête parlementaire

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Face aux démolitions controversées des habitations à Plaine Orety, dans le 1er arrondissement de libreville, entamées le jeudi 04 juin 2025, en dépit d’une décision de justice encore en cours d’exécution, le député de la Transition Lionel Ella Engonga exige la mise en place urgente d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les irrégularités du processus.

C’est une démarche qui pourrait bien ouvrir une brèche dans le mutisme institutionnel autour de la tragédie sociale en cours à Plaine Orety. Le mardi 10 juin 2025, le député de la Transition Ella Engonga Lionel a officiellement saisi la présidente de la Commission de la Planification, de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des Travaux publics pour réclamer, en application de l’article 121 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale de la Transition, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les expropriations massives opérées dans ce quartier de Libreville.

Au cœur de cette requête : le non-respect manifeste de la décision rendue le 9 janvier 2025 par le Tribunal de première instance judiciaire de Libreville. Une décision pourtant claire : le juge avait ordonné une expertise cadastrale contradictoire, exigé la production du titre foncier n°19112 et l’identification précise des occupants impactés. Autant de mesures qui, selon l’élu, n’ont jamais été mises en œuvre avant la destruction des habitations, intervenue dans la précipitation le 2 juin dernier.

Des interrogations sur la légalité et la brutalité de l’opération

Dans un communiqué ferme, parvenu à Gabon Media Time,  le député interroge : « Le gouvernement a-t-il respecté la décision de justice ? Pourquoi l’État a-t-il ordonné les destructions alors qu’une procédure judiciaire était encore en cours ? » Pour Lionel Engonga, il ne s’agit pas seulement d’un écart administratif, mais d’un mépris des textes fondamentaux. À ce jour, des centaines de familles – estimées à plus de 1000 ménages – se retrouvent sans abri, dans des conditions dégradantes, sans relogement ni assistance.

Ce non-respect des droits fondamentaux entre en contradiction flagrante avec l’article 20 de la Constitution gabonaise, qui garantit le droit de propriété, sauf nécessité publique assortie d’une indemnisation préalable. « Peut-on dire que la dignité humaine a été respectée ? », s’indigne le parlementaire, évoquant l’article 9 de la même Constitution et rappelant que le Gabon est signataire de plusieurs traités internationaux garantissant le droit au logement, notamment le Pacte de 1966 et la Charte africaine de 1981.

Identifier les responsables, évaluer les préjudices

Le parlementaire de la Transition insiste sur l’urgence d’une réponse institutionnelle forte face à ce qu’il qualifie d’« hécatombe sociale ». Il appelle à établir les responsabilités au sein de la chaîne de décision ayant conduit à cette démolition. Il s’agit, selon lui, d’identifier les fautifs, d’évaluer les préjudices humains et matériels subis, de vérifier les conditions d’indemnisation, et surtout, d’exiger un plan de relogement digne de ce nom.

À travers cette demande de commission d’enquête, Lionel Engonga entend rappeler que « la loi s’applique à tous, sans abus, ni privilège » et que les parlementaires, garants de la souveraineté populaire, ne peuvent rester silencieux face à des atteintes aussi graves aux droits fondamentaux. En somme, c’est l’État de droit lui-même qu’il s’agit ici de défendre.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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