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Évacuations sanitaires : la CNAMGS met fin aux remboursements rétroactifs et recadre fermement les procédures

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Face à la multiplication des évacuations sanitaires réalisées sans accord préalable, la CNAMGS rappelle que toute prise en charge doit être validée avant déplacement. L’institution met fin aux remboursements rétroactifs, invoquant la lutte contre les abus et l’impératif d’équité dans l’accès aux soins.

Un rappel à l’ordre face à une dérive devenue fréquente. Dans un communiqué publié le 24 novembre 2025, la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) a adressé un message sans ambiguïté à ses assurés. Depuis plusieurs mois, l’institution fait face à une hausse significative des demandes de remboursement pour des évacuations sanitaires engagées par les patients eux-mêmes, sans validation préalable de la caisse.

Une pratique qualifiée de « dérive » par la CNAMGS, qui rappelle que les évacuations sanitaires à l’étranger sont encadrées par un corpus légal strict, précisément pour éviter les abus et garantir une gestion rationnelle des ressources.

Fin des prises en charge après coup

La CNAMGS clarifie désormais sa position : plus aucune prise en charge ne sera accordée rétroactivement. Désormais, deux règles deviennent impératives : les dossiers d’évacuation sanitaire doivent être déposés avant tout déplacement à l’étranger ; ils doivent être accompagnés d’un dossier médical complet, incluant expertises spécialisées et avis requis.

La Direction générale insiste : « aucune prise en charge ne pourra être accordée a posteriori pour des évacuations réalisées en dehors des circuits officiels ». Cette mesure marque un durcissement net de la politique de contrôle des dépenses de santé, dans un contexte où la soutenabilité financière de la caisse est régulièrement questionnée.

Protéger les ressources… et l’équité entre assurés

Au-delà de la rigueur administrative, la CNAMGS invoque un argument central : l’équité. Selon elle, les évacuations non autorisées mobilisent parfois des ressources considérables, au détriment des assurés qui respectent le circuit légal. « Il en va du principe d’égalité d’accès aux soins », souligne l’institution, qui assure vouloir garantir « une prise en charge équitable, transparente et conforme au cadre réglementaire ».

Avec la hausse des coûts médicaux internationaux et la pression croissante sur les finances publiques, ce rappel à l’ordre apparaît également comme une réponse à la nécessité de mieux maîtriser les dépenses de santé.

Un signal fort dans un système sous tension

Cette décision soulève néanmoins des interrogations sur l’état du système de santé national. Si certains assurés se tournent vers l’étranger sans attendre l’avis de la CNAMGS, c’est aussi en raison des difficultés persistantes dans certaines structures locales : manque d’équipement, lenteurs administratives, diagnostics tardifs.

En durcissant ses procédures, la CNAMGS envoie un message de responsabilité collective mais renvoie également, en creux, à la nécessité pour l’État de poursuivre la modernisation des hôpitaux publics afin de réduire la dépendance aux évacuations coûteuses.

Une rigueur qui s’impose dans l’intérêt général

Ce recadrage marque une étape importante dans la gestion des dépenses de santé au Gabon. Mais pour être pleinement compris et accepté, il devra s’accompagner d’un effort accru de communication, d’accompagnement des patients et surtout d’un renforcement des infrastructures sanitaires nationales.

La CNAMGS rappelle enfin que « la discipline procédurale n’est pas une contrainte, mais une garantie » : la garantie que chaque Gabonais, sans distinction, puisse bénéficier d’une prise en charge juste, transparente et respectueuse du cadre légal.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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