États-Unis : le passeport gabonais dans le viseur de Washington pour «sécurité douteuse»

Soupçonné d’irrégularités administratives et de vulnérabilité à la fraude, le passeport gabonais figure désormais sur une liste noire de Washington. Les autorités américaines ont donné un ultimatum de 60 jours à Libreville pour renforcer la fiabilité de ses documents d’identité, sous peine d’exclusion du territoire américain.
Le couperet est tombé : dans un câble diplomatique interne daté du samedi 14 juin 2025, le département d’État américain a notifié à l’ambassade du Gabon aux États-Unis son intention d’ajouter le pays à une liste de ressortissants bientôt interdits d’entrée sur le sol américain. Le motif ? Une « sécurité douteuse » du passeport gabonais, perçu comme vulnérable à la fraude documentaire.
Cette décision s’inscrit dans une vaste révision de la politique migratoire américaine, entamée sous la présidence de Donald Trump et poursuivie par son successeur, dans une logique de contrôle accru des flux migratoires pour motifs de sécurité nationale. Aux côtés du Gabon, 35 autres pays, pour la plupart africains, sont pointés du doigt pour leur incapacité à garantir des documents d’identité fiables.
Une administration jugée trop poreuse à la fraude
Selon les éléments rapportés par Reuters et plusieurs agences internationales, Washington reproche à ces États une défaillance structurelle de leurs systèmes d’identification. « Trop de fraude dans l’administration », résume une source diplomatique citée par le câble, mettant en cause la rigueur des services d’état civil et de délivrance des passeports.
La liste des pays concernés, parmi lesquels l’Angola, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la RDC, le Nigéria ou encore l’Égypte, englobe également le Gabon, dont l’appareil administratif est connu pour ses lourdeurs, ses lenteurs, et sa perméabilité à la corruption. Cette inclusion pourrait avoir de graves conséquences pour les étudiants, les hommes d’affaires, ou les familles gabonaises ayant des attaches aux États-Unis.
60 jours pour rassurer Washington
Désignés comme des « pays préoccupants », les États épinglés disposent désormais d’un délai de 60 jours pour produire des garanties. Le département d’État américain exige en effet des mesures correctives concrètes, sous peine de suspension partielle ou totale des entrées sur le territoire américain pour leurs ressortissants.
Ce nouvel avertissement diplomatique pourrait donc pousser le gouvernement de transition à accélérer la réforme de l’état civil et à moderniser les dispositifs de production et de sécurisation des titres d’identité. Une occasion également pour Libreville de restaurer une image sérieusement écornée sur la scène internationale.
À l’heure où le Gabon cherche à regagner la confiance de ses partenaires, cette alerte américaine sonne comme un test de crédibilité. Le gouvernement gabonais saisira-t-il cette opportunité pour enfin moderniser un appareil administratif en panne de rigueur ? Les prochaines semaines seront décisives.
GMT TV