Enlèvement d’enfants: faut-il continuer à emprisonner Mathilde Moussavou?
Auteure, à maintes reprises, de kidnapping d’enfants appartenant à des jeunes filles qu’elle connait de près ou de loin, Mathilde Moussavou Massande est un cas social qu’il convient de gérer avec la plus grande attention. Après une évasion spectaculaire réalisée à Mouila, on en vient à se questionner si l’emprisonnement est la solution idoine pour tenter de la ramener à la raison. Ne faut-il pas tenter une socialisation à l’initiative de l’État ?
« La voleuse d’enfants », « la kidnappeuse folle », autant d’adjectifs péjoratifs accolés à Mathilde Moussavou Massande. Si ces étiquettes peu valorisantes peuvent être mal perçues par l’opinion publique dans un contexte où les droits des femmes constituent le cheval de bataille du gouvernement et même de la Présidence de la République, il y a lieu de prendre de la hauteur pour traiter ce cas social qui n’est plus à présenter. Prison, hôpital psychiatrique et église, « 3M » y a déjà mis ses pieds.
Des tentatives vaines qu’il serait judicieux de cerner à la racine. Du coup, en vient-on à se demander si la peine privative de liberté est calibrée pour la pousser à se ressaisir. Et pour cause, de Mouila à Libreville en passant par Lambaréné et Port-Gentil, cette trentenaire aux élans démentiels semble ne plus percevoir l’incarcération comme une sanction disciplinaire mais une injustice de la société. D’ailleurs, dans une vidéo devenue virale, la jeune femme s’étonnait d’être prise en chasse par les limiers.
Pour ainsi dire que chaque arrestation, médiatisée ou pas, ne semble faire que l’encourager dans sa démarche associable. Il revient donc au gouvernement d’explorer la réinsertion sociale via un suivi spécifique au niveau médical puis social. N’est-ce pas le père de la Sociologie appelait l’État à tout mettre en œuvre pour réintégrer tout individu déviant. « C’est un processus par lequel la société attire à elle l’individu, à travers l’apprentissage méthodique de règles et de normes par les jeunes générations », avait souligné Émile Durkheim. Vivement une expérimentation de cette méthode dans le cas Mathilde Moussavou Massande qui n’est certainement pas « bonne à rien ».