Élections 2025 : Séraphin Moundounga ou l’adepte du « théorème Pasqua » après les fraudes dans la Douigny

Alors que la polémique enfle autour des résultats des élections législatives et locales du 26 septembre dernier, la sortie du vice-président de la République, Séraphin Moundounga, a suscité de vives interrogations au sein de l’opinion publique. Lors de son intervention tonitruante, il s’est félicité de la bonne tenue du scrutin, tout en accusant l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima de « jeter de l’huile sur le feu ». Pourtant, l’annulation du vote dans sa propre circonscription de la Douigny jette une ombre lourde sur la sincérité de ses déclarations.
Des anomalies flagrantes dans son propre fief. Se présentant en « parangon de vertu », l’actuel vice-président semblait vouloir occulter le chaos qui a marqué les opérations de vote du 26 septembre. Des irrégularités massives ont été relevées, provoquant une vague d’indignation des citoyens et de la classe politique. L’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER) a d’ailleurs recommandé l’annulation du scrutin dans sept circonscriptions, dont celle du département de la Douigny, fief même de Séraphin Moundounga.
Le « théorème Pasqua » version gabonaise
Un tel contexte soulève inévitablement des doutes sur l’opportunité de son discours vantant le bon déroulement des élections. Pour beaucoup d’observateurs, cette sortie poursuit deux objectifs. Le premier consisterait à « créer une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien », selon la célèbre formule de l’ancien ministre français Charles Pasqua. Une stratégie de diversion pour maquiller le fiasco électoral survenu dans son propre fief.
La seconde hypothèse renvoie à son passé politique, marqué par son alignement sans faille sur le régime d’Ali Bongo Ondimba et par des positions jugées méprisantes vis-à-vis d’une large frange de l’opinion nationale à l’époque. Il s’agirait donc de sauver l’image des candidats de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), aujourd’hui accusés de tous les maux.
Les « faucons » du pouvoir mis en lumière
Au-delà de la dimension personnelle, la sortie de Séraphin Moundounga traduit un inquiétant mélange des genres institutionnel. En se posant en défenseur de la régularité du scrutin alors même que sa propre circonscription figure parmi celles où l’annulation a été prononcée, le vice-président soulève une question de légitimité. Cette posture, loin d’apaiser, donne l’impression d’un exécutif juge et partie. Mais elle a également le mérite de mettre un visage sur ces « faucons » dénoncés par Alain-Claude Bilie-By-Nze, ces figures influentes qui gravitent autour de Brice Clotaire Oligui Nguema et l’encourageraient à ignorer les contestations électorales.
Car à l’issue du double scrutin du 27 septembre 2025, la crise de confiance s’est amplifiée. Deux autres anciens Premiers ministres – Julien Nkoghe Bekale et Alain-Claude Bilie-By-Nze – ont, d’une même voix, dénoncé un processus électoral « chaotique », gangrené par les fraudes et les irrégularités. Leur appel à l’annulation pure et simple des élections place désormais la Transition face à son premier test démocratique de cette envergure, un test dont l’issue dira si le Gabon peut réellement tourner la page des pratiques du passé.
GMT TV